Catégorie : Jazz, Impro & C°

Où il est question de jazz créatif, plus largement de musiques improvisées et écrites mais aussi de musique en général.

  • « Jazz Ladies » et 29 autres disques pour février 2021.

    « Jazz Ladies » et 29 autres disques pour février 2021.

    Jazz Ladies, The singing pianists

    Avec « Jazz Ladies, The singing pianists« , on parcourt un grand pan de l’histoire du jazz au féminin (1926-1961) en soixante-seize plages. Ce coffret de trois disques rend hommage à une trentaine de pianistes-chanteuses (et vice-versa). Une rétrospective aussi passionnante qu’indispensable due au travail d’experts pointilleux et passionnés que sont les deux compères Jean-Paul Ricard et Jean Buzelin. Ce coffret édité par l’indispensable maison de disques Frémeaux & Associés fait suite au premier opus « Jazz Ladies » édité en 2017. Il était consacré aux femmes instrumentistes dans le jazz de 1924 à 1962 (cf. CultureJazz, février 2017).

    Jazz Ladies The Singing Pianists, coffret Fremeaux & Associes, 2021
    Coffret de 3 disques Frémeaux & Associés par Jean-Paul Ricard et Jean Buzelin -2021-

    Aretha Franklin, Nina Simone, Shirley Horn ou Blossom Dearie ont ici une place, évidemment. Ce coffret permet également de porter notre attention sur d’autres voix du jazz, d’autres pianistes dont le jeu allait souvent bien au-delà du simple accompagnement. Grâce au livret fort bien documenté, on verra que cette longue histoire du jazz et des musiques afro-américaines garde aussi quelques mystères… De Dardanelle, Louise Johnson ou Kansas City Kitty on ne dispose pas de trace iconographique mais leur musique reste vivante grâce au disque… Une fois encore, Frémeaux reste « l’éditeur de référence du patrimoine musical » !
    Un bémol cependant en ce siècle de la musique numérique. On regrette que les plages n’aient pas été nommées explicitement lors du mastering. Si vous souhaitez encoder le contenu de ces trois disques pour des lecteurs numériques, cela supposera un fastidieux travail d’écriture pour remplacer les « Plage 1, …2,…3 etc« . Aller au bout du mastering en prenant en compte les besoins actuels rendrait ce formidable travail un peu plus pérenne.

    Catalogue de disques de février 2021

    Catalogue de disques Zarbalib.fr - février 2021
    La mosaique des pochettes du mois – cliquer sur l’image pour accéder au catalogue !

    Mode d’emploi du catalogue et de la musique numérique à lire ici : [Bases] Musique numérique : comment faire ? (01/2021)

    Un coup de chapeau à…

    Taylor Ho Bynum, ses acolytes et élèves.

    Taylor Ho Bynum, Matthea Harvey – Coast Jazz Orchestra – Dartmouth Symphony Orchestra, The Temp, 2021

    Le cornettiste-compositeur américain Taylor Ho Bynum dirige depuis 2017 le Coast Jazz Orchestra dans la grande école d’Art de Hanover (New-Hampshire – USA). « The Temp » est un oratorio à vocation pas seulement pédagogique. Il met en application un des principes de Taylor : faire de la musique sérieuse et créative en s’amusant !
    N’hésitez pas, le téléchargement Bandcamp est gratuit !
    Lire aussi : « Le cornet à pédales » ! CultureJazz – 2014

    Michael Gregory Jackson : quartet historique !

    Michael Gregory Jackson, Frequency Equilibrium Koan, live 1977, Golden Records, 2021

    Restons Outre-Atlantique avec le guitariste Michael Gregory Jackson. Activiste des musiques créatives (Loft Generation des seventies), il exhume ici un concert inédit avec son formidable quartet de l’époque : Julius Hemphill (sax alto), Abdul Wadud (violoncelle) et Pheeroan aKLaff (batterie). Retrouver la fraîcheur inventive, le sens de l’écoute et du collectif de cette période est un vrai bonheur. – Golden Records / Bandcamp

    Wes Montgomery en 1965

    WES MONTGOMERY,, The NDR Hamburg Radio Recordings, Jazzland records 2021

    Au printemps 1965, le guitariste américain Wes Montgomery était en Europe, accompagné d’un ensemble recruté localement pour l’essentiel. On retrouve dans ce disque des inédits de la NDR, la radio de Hambourg (Allemagne). Au regard de l’histoire (du jazz), on mesure aujourd’hui que cette formation avait tout d’un « all-stars« . Rien moins que Martial Solal (piano), Johnny Griffin et Ronnie Scott (sax), un second français, Michel Gaudry (contrebasse) et les autres… Du jazz de l’époque qui swingue allègrement ! – Jazzland records / Socadisc


    À suivre, en mars 2021…

  • [Jazz] Janvier 2021 : William Parker puissance 10… et 20 disques !

    [Jazz] Janvier 2021 : William Parker puissance 10… et 20 disques !

    Et voilà 2021 qui ressemble fort à 2020 avec le même brouillard sanitaire persistant. Souhaitons-nous la meilleure année possible cependant et gardons l’espoir !
    Toujours pas de jazz sur scène à cette heure, en France comme ailleurs. Ce mois-ci encore, il nous reste le disque et la musique en images. 21 disques au catalogue ce mois-ci (janvier 2021 – PDF). Parmi eux, une œuvre assez monumentale, le coffret de dix disques inédits enregistrés ces derniers mois par William Parker. Migration of Silence Into and Out of The Tone World est l’œuvre d’un sacré musicien que l’on osera considérer comme un musicien sacré dans la mythologie du jazz afro-américain.

    Une vision de la liberté.

    The Music Of William Parker, Migration of Silence Into and Out of The Tone World - Aum Fidelity Records 2021
    William Parker, Migration of Silence…Centering Records – Aum Fidelity 2021

    Pour clore la sixième décennie de son existence (il est né en janvier 1952), William Parker (Wikipedia) a construit un album en dix chapitres. Dix disques, pour des ensembles de jazz aux géométries changeantes et des solistes en faisant la part belle à la voix.
    William Parker est contrebassiste mais c’est avant tout un musicien explorateur. Il aime adopter des instruments qui évoquent la diversité des sonorités du monde (flûtes, percussions et même cornet).
    Citoyen américain engagé, il milite pour une nouvelle « Révolution Culturelle » mise en action depuis 1996 dans le Vision Festival qu’il co-organise à New York.
    Cette suite de dix disques apparaît comme un manifeste pour « Cultiver et apprendre les nouveaux systèmes musicaux qui nous permettront d’entrer dans le monde du son et danser jusqu’à ce que le jour soit né. » (W. Parker).
    Pour lui, la musique est un des leviers de la libération du monde si on sait s’affranchir des codes esthétiques et des normes établies. En écrivain, poète et théoricien des musiques afro-américaines improvisées, il développe largement ses conceptions dans le livret très documenté qui accompagne le coffret.

    Dix heures de musique !

    Disques, le Coup de chapeau de zabalib.fr 2021
    Coup de chapeau Zarbalib’r !

    En dix heures de musique et 91 plages, on a le temps de parcourir le monde sonore de William Parker. Des espaces où s’expriment les couleurs instrumentales d’une grande richesse qui laissent migrer le silence et s’épanouir la poésie des voix et des sons. Une musique d’une grande pureté, forte et fragile à la fois. Tout est dit sans forcer le trait et dans une grande modération du discours. Belle manière pour faire passer un message pourtant déterminé.

    Éliminer la haine, le racisme, le sexisme, la cupidité et les mensonges…

    William Parker dédie ce coffret « à toutes les personnes dans le monde qui recherchent la liberté – celles qui veulent éliminer la haine, le racisme, le sexisme, la cupidité et les mensonges de leur vivant. Toutes ces pratiques ont historiquement conduit à l’impérialisme, à la guerre, au génocide, au mépris total du caractère sacré de la vie.« .
    Il ajoute : « Il est impératif de se lever et de s’exprimer de toutes les manières possibles. Chaque instant est un nouveau départ qui nous donne une autre chance de vivre, de changer.« 
    Beau message d’espoir pour rester debout !
    Pour le moment, il est aussi évidemment conseillé d’écouter cette œuvre qui est aussi, à sa manière, un état des lieux du jazz libre d’aujourd’hui, ancré dans l’histoire du peuple afro-américain.

    William Parker : compositions, contrebasse et autres instruments /+/ Un éventail international et intergénérationnel de chanteurs et musiciens, complices de longue date (comme le batteur Hamid Drake…) et d’une nouvelle génération d’artistes engagés.
    Enregistrements de 2018 à 2020 (Centering Records – AumFidelityDisponible sur Bandcamp – 70 $)


    Les disques du mois au catalogue

    Cliquez sur l’image pour accéder au catalogue de janvier (PDF ) !

    21 disques jazz - catalogue Zarbalib.fr - janvier 2021
    Les 21 disques au catalogue de janvier 2021.
    Avec les disques de : 
    Theo Bleckmann & The Westerlies || Cyril Cianciolo & Jérôme Peyrelevade || Sylvain Daniel || DogOn || Phillip Dornbuschs Projektor || Lara Driscoll & Chris White || Rembrandt Frerichs Trio & Hossein Alizadeh || Alexandra Grimal – Edward Perraud || Arthur Hnatek Trio || Marc Hoffman || Kevin Kastning - Sándor Szabó - Balázs Major || Joe Lovano Trio Tapestry || Shai Maestro || William Parker || Ivo Perelman Trio || Enrico Pieranunzi & Bert Joris || Diego Pinera || Antonio Placer Sextet invite Antonio Campos || Mario Rom’s Interzone || Miguel Zenón & Luis Perdomo || Will Zimmer

    Mode d’emploi du catalogue et de la musique numérique à lire ici : [Bases] Musique numérique : comment faire ? (01/2021)

    Les coups de chapeau Zarbalib’r de janvier 2021 :

    Outre William Parker avec « Migration of Silence… » (ci-dessus), on salue aussi les disques de…

    Theo Bleckmann & The Westerlies, 
This Land, Westerlies Music, Janvier 2021

    Theo Bleckmann & The Westerlies
    « This Land »

    Une voix masculine et un quatuor de cuivres. Au carrefour du jazz et des musiques « sérieuses ». De la poésie et une certaine fantaisie bien plaisante.

    The Westerlies Music (sur Bandcamp pour écoute et achat)

    Ivo Perelman Trio, Garden Of Jewels, TAO Forms records, 2021

    Ivo Perelman Trio
    « Garden Of Jewels »

    Artiste complet, musicien, plasticien, Ivo Perelman est sans doute un des saxophonistes au lyrisme le plus ardent du jazz libre. Ici avec son fidèle complice tout aussi remarquable, Matthew Shipp (piano) et Whit Dickey (batterie).

    TAO Forms Records – distribution Orkhêstra (et sur Bandcamp)

    Enrico Pieranunzi & Bert Joris, Afterglow, Challenge Records - 2021

    Enrico Pieranunzi & Bert Joris
    « Afterglow« 

    Quand le pianiste romain rencontre le trompettiste belge, ils ont de belles choses à se (nous) raconter. Un duo complice d’une grande élégance. La musique et l’art de l’épure.

    Challenge Records – Distribution [PIAS] (voir aussi le site de Challenge Records)


    À suivre, en février 2021…

  • [Bases] Musique numérique : comment faire ?

    [Bases] Musique numérique : comment faire ?

    Au moment où j’écris ces lignes, mon PC diffuse de la musique vers ma chaîne Hi-Fi (lire ici -02/2019). J’ai constitué une liste de lecture avec les fichiers de musique numérique des disques que je vais vous présenter prochainement (Jazz, Impro & C°). J’écoute en lecture aléatoire pour un panorama complet ou album par album pour une écoute plus affinée.

    Passer au numérique

    Rien de bien sorcier là-dedans.
    Je suis « passé au numérique » comme tant d’autres avant moi mais je sais que cet univers est encore obscur pour beaucoup. C’est pour cela que je vous propose ici quelques clés afin d’entrer à votre tour dans un nouveau mode d’écoute. Le format numérique a bien des avantages mais aussi beaucoup d’inconvénients. Le premier (l’obstacle ?), c’est de ne plus avoir l’objet-disque entre les mains et ça, c’est une différence irremplaçable… encore que (exemple du label Biophilia Records sur CultureJazz).

    Je vous expliquerai enfin comment exploiter les ressources de catalogues de disques qui sont publiés chaque mois sur zarbalib.fr… où vous êtes en ce moment.

    Obtenir de la musique au format numérique.

    Pour disposer de fichiers de musique numérique, il y a trois manières d’opérer, principalement.

    1- L’écoute en streaming. On écoute des disques ou des plages numériques en ligne, via internet ou une application de lecture. La musique écoutée se trouve sur les serveurs de sites comme Spotify, Apple Music ou Deezer… pour ne citer que ceux-là. Il y a aussi le site Bandcamp sur lequel vous retrouverez beaucoup de labels indépendants et de disques autoproduits avec de belles découvertes garanties.

    Bandcamp, plateforme de téléchargement et streaming équitable.
    Bandcamp : le commerce équitable de la musique ?

    2- Le téléchargement. Vous trouverez dans les catalogues que je publie chaque mois de nombreux liens de téléchargement dans le domaine du jazz et des musiques improvisées. Bien évidemment, il ne sera ici question que de téléchargement légal et donc payant afin de rétribuer les artistes et leurs labels. Il existe de très nombreuses plateformes de téléchargement. Je vous conseillerai plus particulièrement Qobuz, autant faire travailler une entreprise française ! Il y a aussi Bandcamp (cité plus haut), Deezer, iTunes et d’autres.

    3- La numérisation d’un disque physique (CD ou disque vinyle). Il faut pour cela que votre PC dispose d’un lecteur CD-DVD et d’un logiciel de numérisation (… ou d’extraction, comme CDex ou MP3 Ripper pour Windows ou Sound Juicer pour Linux/famille Debian entre autres). Ce logiciel convertira le contenu dans le format numérique choisi et le placera dans un dossier sur votre disque dur. La numérisation de disques vinyle suppose une platine TD spécifique. C’est une autre paire de manches !

    MP3, Wav, Flac, Ogg Vorbis, c’est quoi ? Quel format choisir ?

    Un CD audio contient déjà des fichiers numériques, un par titre du CD. Ces fichiers sont au format WAV (se terminent par .wav). Ce format est universellement reconnu par les lecteurs de Compact-Discs. Inconvénient, les fichiers WAV sont les plus volumineux et prendront beaucoup de place sur les disques durs ou dans les lecteurs portables (smartphones etc.).

    Les fichiers MP3 sont beaucoup plus « compressés » et sont d’autant moins volumineux sur les disques. D’où leur succès. Quand on numérise un disque ou lorsqu’on télécharge un album, on peut choisir le taux de compression des fichiers mp3, de 128 kbps, 256 ou 320 kbps (kilobits par seconde) en ordre de qualité croissante.

    Pour une excellente qualité sonore, au moins égale au CD mais en moins « volumineux », le format FLAC est vivement conseillé. On dit que c’est un format « sans perte » (lossless) à la différence du mp3.

    En téléchargeant des fichiers WAV, il est possible de graver un CD audio… qui pourra être lu sur une chaîne HiFi si on reste (trop) attaché à l’objet ! La boucle est bouclée…

    Note de juin 2022 : un nouvel article détaille ces techniques d’acquisition de la musique numérique. C’est ici : Musique numérique : téléchargement, encodage, conversion.(NDLR)

    Quelques conseils pratiques pour passer à l’action !

    1- Rangez la musique à sa place sur le PC ! Vous disposez certainement d’un dossier « Musique« . C’est le cas sur Windows 10 et Linux. Il est là pour ça !
    Je vous invite à jeter un coup d’œil à l’article « Je range mon PC » (zarbalib, nov. 2019) si l’organisation du disque dur reste compliquée pour vous.

    2- Quand on télécharge un disque, on obtient un dossier compressé (le colis de livraison) en général au format .zip. Commencez par le décompresser : clic droit > extraire ou décompresser.

    Clementine, lecteur audio pour PC Linux, Windows ou Mac
    Clementine, lecteur audio pour Linux, Windows et Mac

    3- Il est préférable de structurer chaque dossier musical (album) pour une meilleure classification. Dans le dossier artiste/titre, placez un sous-dossier avec le titre de l’album à l’intérieur duquel vous glisserez les fichiers musicaux (en mp3, wav, flac…) ainsi que l’image de la pochette (qui s’affichera dans le lecteur).
    En général, les fichiers téléchargés décompressés ne contiennent pas ce sous-dossier. Vous pouvez le créer vous-même et y ranger la musique.

    4- Pour lire/écouter la musique, on peut utiliser le lecteur proposé par défaut dans le système d’exploitation. Pour Linux et Windows, je préconise d’utiliser/installer Clementine « un lecteur audio complet » (Zarbalib mars 2020).

    Catalogue de disques, mode d’emploi.

    Chaque mois, je propose une sélection de disques accompagnés de liens d’écoute et de téléchargement (sur Bandcamp, les sites des labels etc.).
    Cette sélection est extraite du catalogue mensuel que vous pouvez télécharger au format PDF. Il comporte l’ensemble des disques qui me sont parvenus, des nouveautés déjà parues ou à paraître.
    N’hésitez pas à télécharger ces catalogues pour les consulter hors-ligne, tranquillement. Les liens sont actifs et vous permettront d’accéder rapidement aux sites référencés pour écouter et peut-être acheter/télécharger des disques présentés.
    Pour le site Bandcamp, les paiements en ligne sont entièrement sécurisés et vous pourrez télécharger la musique immédiatement. Sachez que vous pouvez télécharger un disque sous plusieurs formats successivement : en mp3 pour la mobilité, en Flac pour la qualité ou en Wav pour le graver !
    Bon à savoir : Bandcamp revendique une politique de commerce équitable de la musique ! (lire ici)

  • Jazz, Impro & C° : musiques de décembre 2020

    Jazz, Impro & C° : musiques de décembre 2020

    Le dernier catalogue jazz de l’année 2020 contient 31 disques. Une belle diversité de styles, de formes et de formats encore une fois. Du vinyle au CD en passant par les diverses qualités du numérique, il y en a pour tous les goûts.
    Et puisque les conditions sanitaires nous privent toujours de musique vivante, il faudra trouver son bonheur dans ces enregistrements.

    Joyeuses fêtes !

    Oddjob et son Jazzoo

    Oddjob, Jazzoo vol 1 et 2 - OutNote Records - réédition 2020

    Avant ce Noël 2020 si singulier, le groupe suédois Oddjob (20 ans d’âge) a pensé aux plus jeunes auditeurs avec une compilations de ses deux albums Jazzoo (2015 et 2018). De drôles d’histoires d’animaux pour composer un bestiaire joyeux et inventif qui ne prend pas les plus jeunes pour des imbéciles ! Les compositions sont riches de trouvailles qui sortent des clichés d’un jazz facile. Jazzoo est présenté sous la forme d’un livre-disque trilingue (anglais, français, allemand). Un court texte accompagne l’illustration de chaque piste du disque et invite à l’écoute grâce à l’aide d’un illustrateur qui sait s’adresser au jeune public ! – Jazzoo, vol.1 & 2 par Oddjob – label OutNote.

    Le catalogue « Jazz, Impro & C° » de décembre 2020

    31 disques de décembre 2020 - catalogue Zarbalib.fr
    Les 31 pochettes de décembre 2020.
    Avec les disques de :
    Hubert DUPONT || Bill EVANS || FORMICA - EDWARD - CARRACEDO - ALARCÓN – LEDESMA || Satoko FUJII – Ikue MORI + Natsuki TAMURA || Satoko FUJII – Natsuki TAMURA || Satoko FUJII – Natsuki TAMURA – Ramon LOPEZ || Leo GENOVESE - Mariano OTERO – Sergio VERDINELLI || Vinnie GOLIA – John HANRAHAN – Henry KAISER – Wayne PEET – Mike WATT || GRAND SBAM || Alexandra GRIMAL – Antoine CEGARRA || Sylvaine HÉLARY || Félix HUNOT AND THE JAZZ MUSKETEERS || JAZZ AGE CENTENAIRE || Marcus KLOSSEK ELECTRIC TRIO || KOLOTOV MOCKTAILS || MAGLIOCCHI - METCALFE – WACRENIER || Camila NEBBIA, Maya KEREN & Akiva JACOBS || ODDJOB || Santi QUINTANS’ TIPTRICK || Dave REMPIS - Jeff PARKER - Ingebrigt HÅKER FLATEN - Jeremy CUNNINGHAM || Adam RUDOLPH || Marc SARRAZY & Laurent ROCHELLE || Axel SCHLOSSER QUARTET || Becca STEVENS & Elan MEHLER || STICK MEN featuring Gary HUSBAND

    Coup de projecteur sur…

    La famille Ceccaldi, Grand Sbam et Vasko Atanasovski

    Théo et Valentin Ceccaldi se penchent sur l’histoire de leur famille. Des compositions de leur père, Serge, né à Constantine, en Algérie peu avant la décolonisation, ils font une grande fresque bigarrée et lumineuse avec des invités prestigieux (Michel Portal est là !). (Label Brouhaha)
    Une lumière à laquelle répond le côté sombre de Grand Sbam, étonnante formation de la région lyonnaise. Une espèce de Magma du XXIè siècle avec chœurs et sonorités électriques souvent âpres. C’est surprenant et fort intéressant ! (Label Dur et Doux)
    Et retour au grand jour avec la musique du saxophoniste slovène Vasko Atanasovski et son Adrabesa Quartet augmenté d’un violoncelliste. Des mélodies aux senteurs balkaniques, le tuba de Michel Godard et l’accordéoniste italien exceptionnel Simone Zanchini rendent ce disque assez captivant. (MoonJune records)

    Satoko Fujii, Dave Rempis et Camila Nebbia

    La pianiste japonaise Satoko Fujii augmente son abondante discographie de trois albums ce mois-ci ! Je retiens celui-ci dans lequel elle dialogue avec Ikue Mori, styliste musicienne raffinée, spécialiste des créations sonores les plus étonnantes par le biais de son ordinateur portable. Le trompettiste Natsuki Tamura se joint à elles pour quelques moments toujours improvisés. Les deux autres nouveaux disques se Satoko sont dans le catalogue. (Libra Records)
    Dave Rempis est également très productif sur son label Aerophonic Records. Le saxophoniste de Chicago joue en quartet dans « Stringers & Struts« , une rencontre des plus fructueuse en marge du Chicago Jazz Festival 2019. (Aerophonic Records)
    Un petit tour en Argentine pour retrouver la saxophoniste Camila Nebbia. Je l’ai découverte avec le disque « Aura » (présenté en août et OUI! CultureJazz). La voici en trio fort bien entourée de complices nord-américains de haut niveau, Maya Keren (piano) et Akiva Jacobs (contrebasse). (Ears & Eyes records)

    Santi Quintans, Adam Rudolph et Sarrazy-Rochelle

    Santi Quintans est un musicien voyageur dans la vie réelle et dans la musique. Espagnol d’origine, passé par les USA, il est aujourd’hui en France, enseignant au Conservatoire National Supérieur à Paris. « Kiss the Joy » est un titre positif pour une musique éclectique et inventive servie par un trio de chambre et de choc (Matthieu Donarier et Jean-Louis Pommier : anches et trombone). (Yolk Records)
    Tout aussi singulière est la musique du percussionniste américain Adam Rudolph, Passionné des musiques du monde, il mêle des ingrédients sonores d’origines diverses pour imaginer un univers musical naturaliste très contemporain dans sa forme. (Meta Records USA)
    Pour conclure et boucler côté jazz cette étrange année 2020, je ne pouvais trouver mieux que « Qui s’en va un peu« . Les toulousains Marc Sarrazy et Laurent Rochelle ont composé le corps d’une mélodie (addictive !) qu’il ont proposé à des musiciens amis assez différents (de John Greeves à Catherine Leforestier !) pour lui trouver un habillage à leur façon. Il en résulte un album vinyle 5 titres publié à 300 exemplaires numérotés. Dépêchez-vous ! (Linoleum records)




    Lire aussi les chroniques sur CultureJazz.fr !



    À suivre, en janvier 2021…

  • Jazz, Impro & C° : disques de novembre 2020

    Jazz, Impro & C° : disques de novembre 2020

    Catalogue de disques de novembre 2020 – 15è édition

    Le catalogue mensuel, mode d’emploi.
    Proposé au format PDF, il contient les disques parus ou à paraître ce mois-ci, par ordre alphabétique. Téléchargez-le en cliquant sur l’image ou sur le bouton ci-dessous.
    En cliquant sur les liens actifs, vous pourrez, la plupart du temps, obtenir plus d’informations, écouter la musique ou commander le disque physique ou le téléchargement numérique.

    Liste des disques du mois :
    Susan ALCORN QUINTET || Michael ALIZON || Richard BARATTA || Francesco BEARZATTI TINISSIMA QUARTET || Pascale BERTHELOT || Alan BROADBENT TRIO || Jean-Christophe CHOLET || Jean-Christophe CHOLET – Matthieu MICHEL – Didier ITHURSARRY || Patrick CORNELIUS || Elina DUNI || Pete ELLMAN BIG BAND || Rich HALLEY || Fred HERSCH || Júlia KAROSI Featuring Ben MONDER || Michel LAMBERT ARS TRANSMUTATORIA || Serge LAZAREVITCH – Ben SLUIJS – Teun VERBRUGGEN || Anja LECHNER – François COUTURIER || Zuzana LEHAROVÁ QUARTET || Didier LOCKWOOD – Gordon BECK – Allan HOLDSWORTH – Aldo ROMANO – Jean-François JENNY-CLARK || Pete MALINVERNI – Juliet KURTZMAN || Janne MARK with Arve HENRIKSEN || Alex MASSA || David NEERMAN || Nikolaj NIKITIN - Ľuboš ŠRÁMEK ALTAR DOUBLE QUINTET || NOSAX NOCLAR || Christophe PANZANI || Anthony PIROG || RHIZOTTOME || Sylvain RIFFLET – Jon IRABAGON – Sébastien BOISSEAU – Jim BLACK || Aldo ROMANO || SCHNELLERTOLLERMEIER || SERKET & THE CICADAS – Cathy ESCOFFIER 4TET || Rick SIMPSON || SPACE GALVACHERS || Javier SUBATIN || SURNATURAL ORCHESTRA || THE ED PALERMO BIG BAND || THE JCA ORCHESTRA || THE WARRIORS OF THE WONDERFUL SOUND || Will VINSON – Antonio SANCHEZ – Gilad HEKSELMAN || Marcin WASILEWSKI TRIO - Joe LOVANO || Jeff WILLIAMS

    Coup de projecteur sur…

    Sylvain RIFFLET – Jon IRABAGON – Sébastien BOISSEAU – Jim BLACK : « Rébellion(s) »

    Sylvain Rifflet, Jon Irabagon, Sébastien Boisseau, Jim Black, Rebellion.s, BMC Records - 2020

    Rebellion(s), c’est l’étonnant porte-voix des saxophonistes Sylvain Rifflet et Jon Irabagon. Après leur hommage à Moondog, ils se retrouvent autour de la conviction que le jazz peut toujours amplifier l’écho des problèmes sociaux d’hier comme d’aujourd’hui. À la base de la plupart de ces compositions, la réalité sonore de discours emblématiques du passé et du présent, André Malraux (Jean Moulin), Greta Tunberg, Paul Robeson… Ces voix dessinent les lignes mélodiques pour les saxophones et le résultat est saisissant. Dans ce quartet franco-américain, on trouve une base rythmique rare et donc exceptionnelle : Sébastien Boisseau (contrebasse) et Jim Black (batterie). Allons enfants ! La voix du jazz nous donne l’espoir ! – BMC RecordsÉcoute

    NOSAX NOCLAR : « Kahmsïn »

    NoSax NoClar, Kahmsïn, Yolk records -2020

    Nous évoquions le contrebassiste Sébastien Boisseau ci-dessus eh bien, voici un beau disque publié sur le label qu’anime ce dernier, Yolk Records. Un disque qui reflète parfaitement toutes les qualités d’un duo d’anches que j’ai pu écouter à Coutances le 19 septembre. NoSax NoClar, ce sont Julien Stella aux clarinettes et Bastien Weeger (saxophones alto et soprano, clarinettes). « Si l’improvisation est bien présente, le duo a conçu un répertoire aux parfums subtils, entre musiques occidentales, méditerranéennes et proche-orientales joué avec une grande précision et un remarquable sens de l’écoute mutuelle. Devant une assistance captivée, ils ont suscité l’émotion dans un bel esprit de partage. Un très beau moment qui invite au calme et au recueillement » (extrait de ma chronique pour CultureJazz.fr). – Yolk Records (Infos, écoute, commande).

    Quatre grandes formations en France et aux États-Unis

    On termine en fanfare avec quatre grandes formations qui méritent amplement notre écoute.

    Le Surnatural Orchestra

    Le Surnatural Orchestra regroupe, en France, une joyeuse équipe de musiciens qui fête, mine de rien, ses 20 ans cette année ! « le répertoire pêlemêle thèmes limpides tordus, savants, jazz de tous bords, musiques populaires à trois et quatre temps trois mouvements, fadaises à danser, écriture serrée façon big band » écrivent-ils. En principe, le « Surnatural » s’épanouit sur scène mais en ce moment on n’a que le disque. Ne nous en privons pas ! – Collectif SurnaturalÉcoute partielle et achat sur Bandcamp.

    The Ed Palermo Big Band

    Traversons l’Atlantique pour retrouver The Ed Palermo Big Band qui propose des arrangements très futés sur des thêmes de la pop british des années 70 qu’il mixe parfois avec des compositions de son idole Frank Zappa. Écoutez bien, cette musique est très habilement ficelée et ne manque pas d’humour ! Un des objectifs de ce disque est de redonner un peu de couleurs au moral des américains. Ils en ont besoin même si Trump devrait se faire oublier mais la Covid-19, pas encore… Vas-y Ed ! – Sky Cat recordsÉcoute (totale) et achat sur Bandcamp.

    The JCA Orchestra

    Dans une veine assez militante également, tout au moins collaborative, le JCA Orchestra est la grande formation de la Jazz Composers Alliance liée au célèbre New England Conservatory de Boston. Ce nouvel album restitue un concert centré sur des compositions de David Harris, Darrell Katz, Bob Pilkington et Mimi Rabson. Une approche très intéressante du jazz d’aujourd’hui, innovant mais jamais déroutant. Recommandé ! – JCA Recordings

    The Warriors Of The Wonderful Sound

    Avec The Warriors Of The Wonderful Sound qu’on doit à l’initiative du saxophoniste Bobby Zankel, on baigne avec bonheur dans la musique du regretté Muhal Richard Abrams (1930-2017) un des musiciens clés de l’AACM de Chicago. « Soundpath » est une longue pièce de plus de 40 minutes interprétée/improvisée ici par une formidable équipe de musiciens totalement en phase avec l’âme de cette musique et du compositeur. Exceptionnel ! – Clean Feed Records


    Lire aussi les chroniques sur CultureJazz.fr !


    À suivre, en décembre 2020…

  • Jazz, Impro & C° – La gAZZette de novembre 2020

    Jazz, Impro & C° – La gAZZette de novembre 2020

    La gAZZette normande.

    La pandémie de Covid-19 a des effets désastreux pour la vie culturelle, c’est une évidence. Les lieux de culture sont fermés. Les artistes ne travaillent plus en présence du public. Les échanges internationaux sont désormais inexistants. Comme l’écrivait l’ami Yves Dorison dans un de ses billets d’humeur sur CultureJazz.fr, on peut militer pour les circuits-courts dans le domaine des biens de consommation mais pour la culture et le jazz en particulier, élargir notre horizon est absolument indispensable.

    Enfermement franco-français

    Depuis belle lurette, je regrette l’enfermement franco-français des programmes de nombreux festivals et lieux de diffusion. Peut-on y voir de l’effet cumulé d’un déficit de curiosité des programmateurs et d’un maillage par des agences artistiques et des organismes d’aides aux musiciens qui donnent la préférence aux musiciens de l’hexagone, sauf exceptions ? Le « marché » du spectacle vivant a ses circuits établis et ses réseaux. Il est difficile d’en sortir sans une détermination artistique forte. C’était pourtant le cas dans les années 70-80 avant que le jazz n’obtienne une reconnaissance « officielle » et institutionnelle (avec ses effets pervers).

    Musique enregistrée, mieux que rien !

    En attendant que l’espace ne s’ouvre à nouveau et permettre des échanges internationaux et inter-continentaux, il ne nous reste la musique enregistrée/filmée… À ce propos, le rituel catalogue de disques, édition de novembre 2020 est proposé en téléchargement au pied de cette page. Il y a encore de belles choses à écouter. Rendez-vous sur la page des disques du mois, ici


    Fidel et Théo sont dans le même bateau…

    (Souhaitons que rien ni personne ne tombe à l’eau !)
    À Coutances, le festival Jazz sous les Pommiers et le Théâtre Municipal ont choisi le tromboniste Fidel Fourneyron et le violoniste Théo Ceccaldi pour assurer la nouvelle résidence de trois ans. Ils prennent la suite d’Anne Paceo (batterie, compositions). Un choix bicéphal qui n’est pas pour nous déplaire et ce pour diverses raisons. Voyons cela…
    Il ne s’agira pas a priori d’un travail en binome même si les deux musiciens se connaissent bien. Ils ont collaboré pour quelques projets ponctuels et plus durablement dans l’Orchestre National de Jazz qu’a dirigé Olivier Benoit de 2014 à 2018. Un orchestre qui n’aura jamais joué à Coutances, soit dit en passant. Les univers musicaux dans lesquels chacun évolue sont assez différents pour augurer d’une probable diversité esthétique.

    Collectifs

    Il est important de signaler que l’un et l’autre sont engagés dans des collectifs de musiciens aux tempéraments marqués, ce qui élargit considérablement leur ouverture artistique. Fidel Fourneyron gravite dans la sphère du collectif Umlaut lié au remarquable label européen Umlaut records. Théo Ceccaldi avec son frère Valentin (violoncelle, basse) et quelques amis fidèles ont créé à Orléans le Tricollectif, structure associative qui bouillonne de projets souvent épatants et parfois décapants.

    Fidel Fourneyron : un parcours diversifié

    Fidel Fourneyron 2020 –
    © Sébastien Toulorge

    Fidel Fourneyron a franchement les pieds dans le jazz, y compris dans ses formes les plus classiques avec le Duke Orchestra de Laurent Mignard ou l’Umlaut Big Band par exemple (cf. Coutances – 20/09/2020– CultureJazz.fr). C’est à partir de la sphère du jazz qu’il construit des projets qui prennent la forme d’explorations toujours passionnantes. Ainsi avec les trios Un Poco Loco ou Animal, son solo de trombone (High Fidelity) ou une réinvention de la musique cubaine avec le tentet ¿ Que Vola ? (liste non exhaustive). C’est aussi un amoureux des cuivres et des musiques populaires avec une fibre pédagogique indéniable, ce qui l’amène à créer et diriger des fanfares amateures comme La Fanfare du Carreau.

    Spécialiste

    Pour attester de ses compétences, Fidel Fourneyron peut se prévaloir d’être un spécialiste des résidences d’artistes ! Artiste en résidence à la Dynamo de Banlieues Bleues (Pantin, 93) en 2017 puis artiste associé au Petit Faucheux de Tours en 2018 et 2019, il va mener en parallèle deux résidences de trois ans à La Barbacane (Beynes, Yvelines) et à Coutances !
    Interrogé sur ce cumul d’actions de longue durée, il m’a répondu très tranquillement qu’il mènerait les deux résidences de front de manière complémentaire. Le calendrier est équilibré alors tout va bien. Il espère seulement que les concerts pourront reprendre. On le souhaite vivement car le projet est prometteur !

    Théo Ceccaldi : le look et le talent.

    Théo Ceccaldi trio, Coutances, mai 2014 - © T. Giard
    Théo Ceccaldi – 1er concert à Coutances en mai 2014.

    Il y a chez Théo Ceccaldi une composante de mise en scène (de se mettre en scène) de façon un tantinet décalée qui n’est pas sans rappeler un autre barbu, Thomas de Pourquery. Voilà de quoi réactiver des souvenirs aux coutançais puisque ce dernier fut aussi un résident célèbre de la cité épiscopale. Notez bien que Thomas de Pourquery figure au casting impressionnant du dernier disque en date des frères Ceccaldi et de leur tribu du Tricollectif, « Constantine« … Encore un disque dont la sortie est décalée en décembre (je le garde au frais d’ici-là ! Il sera au prochain catalogue Zarbalib’r).
    À Coutances, Théo Ceccaldi s’est produit à deux reprises avec son trio (Valentin Ceccaldi, Guillaume Aknine). On l’a entendu aussi, entre autres, dans le Grand Orchestre du Tricot avec le délicieux et délirant « Tribute to Lucienne Boyer« .

    Des idées pour la suite…

    Théo Ceccaldi a plusieurs cordes à ses violons (il joue aussi de l’alto). On imagine qu’il doit avoir de belles idées en tête pour cette résidence. Je me permettrai de lui en souffler une… Aux débuts de son trio, il reçut le soutien de la contrebassiste-improvisatrice Joëlle Léandre qui fut un temps leur « marraine ». Sachant que cette grande musicienne n’a jamais joué à Coutances, il serait bienvenu d’effacer cet oubli, non ?
    Pour le reste, on peut lui faire confiance. Il proposera sans doute quelques formules pétillantes, palpitantes et pourquoi pas avec la complicité de Fidel Fourneyron ?


    LE TYMPAN, un pôle jazz en Normandie ?

    Dans sa lettre d’information de novembre, le Collectif Pan (ex Collectif Jazz de Basse-Normandie) présente le projet d’un pôle jazz en Normandie :

    Tympan, projet de pôle jazz en Normandie, collectif Pan à Caen 14

    « Le Collectif PAN va fêter en 2021 ses 25 ans d’existence.
    Pour célébrer ce quart de siècle, il a monté un dossier afin d’ouvrir une salle dédiée au jazz et aux musiques improvisées dans l’agglomération caennaise. Enfin ! » (communiqué)

    Voilà une excellente nouvelle !
    Pour en savoir plus et soutenir le projet, on peut se rendre sur cette page : www.collectifpan.fr/tympan

    Il suffit juste d’attendre le retour à des jours meilleurs pour que la vraie vie d’avant reprenne !


    La page consacrée aux disques du mois est en ligne ! Vous pouvez cependant consulter et télécharger le catalogue de disques Zarbalib’r de novembre

    À suivre…

  • Jazz, Impro & C° – GaZZette d’octobre 2020

    Jazz, Impro & C° – GaZZette d’octobre 2020

    Aller au concert, même avec un masque, est une forme de résistance aux effets néfastes du virus qui sclérose notre vie sociale et… mentale. Saluons à cette occasion la combattivité des lieux de culture qui continuent leur travail si essentiel dans des conditions acrobatiques imposées par un ennemi invisible et encore invincible.
    Le théâtre de Coutances est de ceux-là. Il proposait un double programme jazz le 16 octobre 2020, le quatuor de pianos « PianoForte » précédé par le trio Un Poco Loco.

    Ne pas tomber dans le piano ?

    piano de concert

    Baptiste Trotignon, Éric Legnini, Bojan Zulfikarpašić et Pierre de Bethmann réunis à la même affiche d’un « PianoForte » à quatre claviers, c’est vendeur pour une agence artistique. Assis devant deux grands pianos et deux Fender Rhodes, les quatre « piano fortiches » se livrent à une joute amicale pleine de notes. Trop de notes. La platitude de la disposition scénique se double d’une platitude des discours et d’une hyper-densité harmonique (le propre du piano si on n’y prend garde). De toute évidence, c’est une réunion sans vision artistique. Il eut fallu créer du relief, proposer des formes, des couleurs qui captent l’attention de l’auditeur. Sans cela, ce dernier reste un observateur passif et souvent admiratif de tant de virtuosité affichée dans un esprit de franche camaraderie estimable s’il n’est pas feint. La linéarité du discours ne provoque que l’ennui.
    J’avoue que j’ai « jeté l’éponge » au milieu du concert. Bojan Z et Baptiste Trotignon, en duo de pianos acoustiques (leurs potes partis en coulisse), venaient de montrer enfin que deux pianos c’est grandement suffisant. Leur dialogue fut un moment de jeu et d’écoute aux formes plutôt captivantes. Autant partir sur ce souvenir.
    Avant eux, le trio Un Poco Loco avait proposé une musique riche et passionnante en terme de formes, de couleurs, d’inventivité. Le contraste était saisissant et la comparaison imparable… On lira le compte-rendu de ce concert de première partie sur CultureJazz, ici.

    Les 46 disques du mois

    Angelica Sanchez et Marilyn Crispell, How To Turn The Moon, Pyrolastic Records 2020

    Vous voulez écouter une vraie rencontre de pianistes ?
    Je vous conseille vivement le superbe duo de pianos (acoustiques) de deux grandes spécialistes du clavier Outre-Atlantique, Angelica Sanchez et Marilyn Crispell. « How To Turn The Moon » est un disque aussi renversant que son titre. De la musique de créatrices. Il est publié sur Pyrolastic Records, le formidable label d’une autre grande dame du piano, la canadienne Kris Davis.

    Retrouvez ce disque dans le catalogue du mois d’octobre 2020 (pdf) à télécharger ci-dessous (détails, références, liens utiles…).


    La mosaïque des disques au catalogue d’octobre 2020.

    Les préférés du mois :

    Ce mois-ci, les musiciennes et musiciens nord-américains sont encore à l’honneur. Ce n’est pas un parti-pris, c’est une constatation. Paradoxalement, la nation de Trump est à la pointe des musiques créatives. Ce ne doit pas être un hasard. L’urgence, la résistance, la lutte contre la culture de la niaiserie génèrent des mouvements très positifs…

    Tous les détails et les liens utiles sont disponibles dans le catalogue en lien ci-dessus.

    Mary Halvorson’s Code Girl : « Artlessly Falling »

    Amirtha Kidambi : voix / Maria Grand : saxophone ténor, voix / Adam O’Farrill : trompette / Mary Halvorson : guitare / Michael Formanek : contrebasse / Tomas Fujiwara : batterie, percussion /+/Robert Wyatt : voix (1, 3, 5).

    MaryHalvorson's Code Girl, Artlessly Falling - Firehouse 12 Records - 2020

    Code Girl, c’est le groupe « paritaire » de Mary Halvorson : trois femmes, trois hommes. On retrouve dans ce sextet ses compagnons du trio Thumbscrew (Formanek, Fujiwara) et en invité exceptionnel, Robert Wyatt, dont la voix est présente sur trois titres. Pour « Artlessly Falling« , la guitariste a composé et écrit une suite de chansons dans un style aussi indéfinissable que peut l’être la musique de Wyatt (qu’elle vénère !). Écoutez « Walls and Roses« , une douce mélodie sur laquelle Mary Halvorson se déchaîne entre éclairs hard-rock et une dentelle de notes finement piquées : foudroyant ! J’ajouterai que la voix d’Amirtha Kidambi, spécialiste des techniques de chant traditionnel de l’Inde s’associe parfaitement à l’élasticité mélodique du jeu de Mary Halvorson dans cette musique qui se moque des frontières esthétiques. Une très belle réussite ! – [Firehouse 12Recordings]

    Junk Magic (Craig Taborn) : « Compass Confusion »

    Junk Magic with CraigTaborn, Compass Confusion, Pyrolastic Records 2020

    Craig Taborn : piano, claviers / Chris Speed : saxophone ténor, clarinette / Mat Maneri : alto / Erik Fratzke : basse / David King : batterie et batterie électronique.

    Craig Taborn n’est pas seulement un pianiste d’exception, c’est aussi (surtout) un musicien ouvert à tous les vents musicaux et inspiré par les musiques de son temps. Avec le groupe Junk Magic, il réunit une fameuse équipe de copains parfaitement en phase avec son envie d’explorer des espaces musicaux nouveaux. Encore une fois, c’est sur le label Pyrolastic Records de Kris Davis que paraît ce disque d’importance. Loin des stéréotypes des musiques électroniques commerciales, ces musiciens maîtrisent parfaitement leur projet créatif. La recherche du « son » ne prend jamais le pas sur la musique. Une réussite exemplaire ! – [Pyrolastic Records]

    Lafayette GILCHRIST : « Now »

    Lafayette Gilchrist : piano, compositions / Herman Burney : contrebasse / Eric Kennedy : batterie.

    Lafayette Gilchrist, Now, 2020

    Je termine cette sélection de disques d’octobre 2020 avec un retour aux formes plus conventionnelles du jazz.
    Le nom de Lafayette Gilchrist a été associé à celui de David Murray à partir de 1999. Musicien au parcours atypique, il mène une carrière fort intéressante et ce nouveau disque en trio très classique dans sa forme (piano-contrebasse-batterie) vient nous rappeler qu’il faut compter avec lui. Les « trios de piano » sont légion dans le jazz mais celui-ci possède bien des qualités : sens de la mélodie et des développements harmoniques, cohésion du trio où chacun parvient à mettre en évidence sa voix… Une belle réussite qui nous rappelle que le jazz bien joué est un formidable exercice d’équilibre qui doit rechercher l’émotion de l’auditeur autant que le plaisir du jouer ensemble. Élément à noter : l’enregistrement sert parfaitement cette musique en restitant les timbres de manière très naturelle. Beau disque d’ailleurs autoproduit par L. Ghilchrist. – [Lafayette Gilchrist Music]


    Lire aussi les chroniques sur CultureJazz.fr !


    À suivre… en novembre 2020 !

  • Jazz, Impro & C° – septembre 2020

    Jazz, Impro & C° – septembre 2020

    39 disques au catalogue pour cette rentrée singulière. Je reconnais être un peu à la bourre pour vous présenter tous ces disques. Bien entendu, je vais mettre en avant mes chouchous du mois. On y va !

    Le catalogue des disques de septembre 2020

    Cliquez sur l’image ci-dessous pour accéder au catalogue en PDF !

    Disques Jazz et musiques improvisées - catalogue Zarbalib.fr - septembre 2020
    Les noms par ordre alphabétique :
    JD ALLEN || ATRISMA || Adam BALDYCH – Vincent COURTOIS – Rogier TELDERMAN || Michel BENITA || Chuck BERGERON – SOUTH FLORIDA JAZZ ORCHESTRA || BLACK ART JAZZ COLLECTIVE || Matthieu BORDENAVE || Éric BROCHARD – Fabrice FAVRIOU || Jay CLAYTON – Fritz PAUER – Ed NEUMEISTER || COLLECTIF LA BOUTIQUE - Fabrice MARTINEZ – Vincent PEIRANI || Mark EGAN – Danny GOTTLIEB || Maria FAUST SACRUM FACERE || Tom GUARNA || Matt HAVILAND || Conrad HERWIG || I.P.A. || KAZE & Ikue MORI || KRONONAUT || Matt LAMBIASE - Jack DESALVO - Chris FORBES - Dmitry ISHENKO - Tom CABRERA || Orlando LE FLEMING || Ray MANTILLA || MARACUJA || Sandra MARLOW || Mark MURPHY || Marius NESET – DANISH RADIO BIG BAND – MIHO HAZAMA || OJKOS || PENROSE TRIO || QUINTOPUS || RAHONA || Eric REVIS || Alvaro ROJAS || Ray RUSSELL || Terje RYPDAL || Maria SCHNEIDER ORCHESTRA || Lawrence SIEBERTH || SUPERGOMBO || Cat TOREN’s HUMAN KIND || Dominik WANIA || Michael WOLLNY

    Les chouchous du mois de septembre 2020

    Tous les détails sur ces disques, formations, label, distribution, liens sont dans le catalogue de septembre 2020.

    Maria SCHNEIDER ORCHESTRA : Data Lords

    Avec « Data Lords« , Maria Schneider met sa maîtrise des couleurs et des formes orchestrales au service de ses conceptions humaines, sociétales et philosophiques. Notre monde oblige à un jeu d’équilibre constant entre le virtuel et le réel, entre le gaspillage, la dissémination des données numériques et la permanence de la Nature que nous malmenons jusqu’à la détruire. Ce double album met magistralement en contraste les deux volets de cette réflexion menée par une musicienne très impliquée et active.

    Maria Schneider Orchestra, Data Lords, Artist Share 2020
    Maria Schneider Orchestra « Data Lords » – ArtistShare

    « The Digital World » se développe en cinq plages, cinq mouvements qui témoignent d’une volonté d’épure orchestrale. Indéniablement, l’ombre de Gil Evans dans son art des années 70 et 80 plane sur ce disque. Rappelons que Maria Schneider fut son assistante à la fin des années 80. Elle a beaucoup appris du maître en terme d’esthétique et d’orchestration.
    Avec « Our Natural World« , la compositrice revient au caractère plus velouté, voire romantique de sa musique avec cette façon unique de dessiner des draperies orchestrales, sans perdre ce souci d’épure et de simplicité.
    Un ensemble magnifique, particulièrement abouti grâce, aussi, à un orchestre de rêve dans lequel brillent la guitare de Ben Monder autant que l’accordéon de Gary Versace, le trombone de Ryan Keberle ou les saxophones de Donny McCaslin pour ne citer qu’eux. Soulignons enfin la perfection rythmique portée par Johnathan Blake. Je rejoins mon camarade Yves Dorison qui écrivait pour CultureJazz : « Nous pourrions gloser longuement sur ce disque indispensable mais nous nous contenterons de vous donner un ordre : achetez-le ! » –lire ici sa chronique/Août 2020 (« Data Lords » Artist Share, 2020)..


    Jay CLAYTON – Fritz PAUER – Ed NEUMEISTER : 3 For The Road

    Clayton, Pauer, Neumeister, 3 For The Road, MeisteroMuisc, 2020
    Clayton, Pauer, Neumeister « 3 For The Road »

    Cette fois encore, j’emboîte le pas d’Yves Dorison qui m’a précédé (ici) pour dire tout le bien qu’on peut penser de cet album d’un audacieux trio américano-autrichien. Ces plages ont été enregistrées il y a presque deux décennies. Elles permettent de réécouter le pianiste Fritz Pauer décédé en 2012. « Trois pour la route » (3 for The Road), une cordée exemplaire pour s’écarter des cheminements trop conventionnels et s’engager sur les sentiers escarpés de la musique inventive tout en apportant des teintes nouvelles à quelques mélodies du jazz. Ce trio atypique très complice (voix, piano et le trombone de Ed Neumeister) raffole des vires aériennes et acrobatiques. Jay Clayton impressionne par sa maîtrise vocale, aussi à l’aise dans les improvisations rythmiques que dans la broderie de textes dits/chantés avec science. On pense à Jeanne Lee à l’écoute de cette voix ouverte à toutes les aventures. Une pépite à ne pas manquer ! (3 for The Road – MeisteroMusic, 2020).


    Eric REVIS : Slipknots Through A Looking Glass

    Eric REVIS : Slipknots Through A Looking Glass

    Attention ! Sacré musicien et musique formidable !
    Jusqu’alors, nous avions repéré ce contrebassiste sur le remarquable label portugais Clean Feed. Le dernier opus en date d’Eric Revis, « Sing Me Some Cry » paru il y a 3 ans avait retenu toute notre attention (cf. CultureJazz). Cette fois, le quartet est devenu quintet avec l’ajout du saxophoniste Bill McHenry. Ce disque paraît cette fois sur Pyrolastic Records, le label (tout aussi remarquable) de la pianiste du groupe, Kris Davis. Il y a tout dans cette musique : le sens de la pulsation, la force du rythme, la maîtrise des couleurs sonores et des espaces de jeu. Tout cela n’est évidemment possible qu’en présence de grands musiciens. Outre ceux déjà cités ici, on ajoutera le maestro du tempo, Chad Taylor et le saxophoniste Darius Jones, évidemment !
    Encore un disque qui se voit attribuer un « OUI » sur CultureJazz par Yves Dorison, ce n’est pas un hasard… « L’imagination et la curiosité au pouvoir. Votez Revis ! » écrit-il (ici…) !


    Maria FAUST SACRUM FACERE : Organ

    Maria Faust Sacrum Facere, Organ, Stunt Records, 2020
    Maria Faust Sacrum Facere « Organ » – Stunt Records 2020

    La saxophoniste estonienne Maria Faust reste intimement attachée à l’histoire et aux traditions de son pays. Une quête humaine et spirituelle qui voudrait effacer les blessures de l’époque soviétique. En cela la symbolique des orgues d’église , « machine à louanges de Dieu » occupe une place centrale dans ce nouveau projet. La formation Sacrum Facere, créée en 2014 se présente comme un sextet à vents et l’orgue en est le septième. On sait que l’instrument a souvent fasciné des jazzmen. En France, on pense, entre autres, à Andy Emler ou Raphaël Imbert, en Grande-Bretagne, à John Surman. Peu ont réussi à penser la musique autrement qu’un dialogue entre l’instrument et un/des soliste/s. Maria Faust a composé pour un véritable ensemble. En l’absence de section rythmique, elle imagine des formes originales pour structurer sa musique et varier les couleurs. Évidemment, ce disque ne « parlera » pas à tout le monde mais on ne pourra pas nier sa richesse et son intérêt. Dans mon cas, j’adhère totalement ! (« Organ » – Stunt Records – 2020).


    À suivre… en octobre 2020 !

    Et d’ici-là ne manquez pas de visiter l’indispensable CultureJazz.fr !

  • Jazz, Impro & C° – août 2020

    Jazz, Impro & C° – août 2020

    Navigation à vue dans le brouillard

    En ce moment, la vie du jazz (et de la culture en général), ressemble à une traversée des grèves du Mont-Saint-Michel à marée basse un jour de brume. On avance mais au risque de faire fausse route ou pire de s’enliser dans les sables mouvants de la pandémie. Cette référence normande nous renvoie à la prudence du Festival des Grandes Marées (fini « Jazz en Baie » !) qui s’éclipse en 2020 alors que Jazz Sous Les Pommiers (Coutances) tente une décoction de son festival 2020 sur deux soirées et une journée les 18 et 19 septembre (« Un Week-end Sous Les Pommiers« ) sous réserves selon la décision préfectorale prise avant la fin août.

    Week-end sous les pommiers - septembre 2020 - Coutances

    Cette même fin de semaine (16 au 19 septembre), à Marseille (une bascule plein sud), Claude Tchamitchian, contrebassiste et directeur artistique du festival « Les Émouvantes » a réduit la voilure de son programme que je vous annonçais en juin. Le risque était trop important mais pour ne rien lâcher, les concerts se limiteront à des duos et solos… Faire plus intimiste, c’est difficile mais faire, c’est mieux ! Pour le moment, ce mini-festival est maintenu est le nouveau programme est ici mais la situation sanitaire de Marseille peut laisser planer un fort doute….

    Les Emouvantes à Marseille du 16 au 19 septembre 2020.

    Avec les masques, le gel désinfectant et autres distances de sécurité, la convivialité du jazz en prend un coup ! Nous verrons bien comment tout cela va évoluer et… passer, on le souhaite. En attendant, on a toujours les disques, ou rien !

    Musique enregistrée

    Il faut bien se résoudre à poursuivre l’écoute de musiques en boîtes et autres fichiers numériques.
    Là encore, on navigue à vue dans les « sorties » !
    Je vous ai présenté au printemps des disques dont certains ne sont toujours pas sortis. L’été n’est déjà guère propice aux parutions et en 2020, c’est un vrai casse-tête pour les éditeurs de toutes envergures. Le décalage entre publication numérique préalable et sortie des disques physiques est de plus en plus fréquent. Autre signe des temps et conséquence (on n’osera pas dire avantage ?) de la dématérialisation…

    Catalogue Zarbalib(r) du mois d’août 2020

    les pochettes disques catalogue d'août 2020 - zarbalib.fr

    Vous savez quoi ? Je n’ai quasiment pas écouté de musique entre la mi-juin et le début août ! Une diète finalement bénéfique qui dissout les mauvaises graisses des habitudes et de la routine.
    Et ça ne m’empêche pas de vous proposer un catalogue pour ce mois d’août. Il regroupe les disques parus depuis la fin juin ou à paraître d’ici la rentrée. J’ai dépoussiéré ma liste de lecture et c’est parti ! Le catalogue en pdf (comme d’habitude) et disponible via le bouton ci-dessous. 44 disques avec les détails utiles et des liens actifs pour aller plus loin, jusqu’à l’acquisition si affinités.

    Les 3 chouchous du mois d’août

    Matt Wilson Quartet : « Hug! »

    Matt Wilson Quartet - Hug - 2020 - Palmetto records

    L’ordre alphabétique a relégué Matt Wilson à la fin du catalogue ! Raison de plus pour commencer par ce disque des plus réjouisssants intitulé « Hug!« . Le batteur américain aussi efficace qu’impertinent est à la tête de son quartet. Une joyeuse équipe qui aime le jazz dans sa décontraction et son énergie. Voilà une belle manière d’attaquer la rentrée avec un enthousiasme qu’on a un peu perdu ces temps-ci (Ah ! bon ? Pourquoi ?). Le clou de cet album est sans doute l’hymne ridicule qu’il a créé pour l’U.S. Space Force souhaitée par le non moins ridicule Donald Trump ! Une chanson va-t-en-guerre sur bande-son de discours trumpiste pur jus ! Incontournable ! Avec Matt Wilson (batterie…), Jeff Lederer (saxophones…), Kirk Knuffke (cornet) et Chris Lightcap (contrebasse) – Hug! – Palmetto Records.


    Camila Nebbia : « Aura »

    Camila Nebbia, Aura, ears and Eyes Records - 2020

    La seconde bonne nouvelle nous arrive d’Argentine grâce au très curieux Matthew Golombisky, musicien américain qui dirige le label Ears and Eyes Records et ne manque jamais de me faire partager ses découvertes. Camila Nebbia est saxophoniste, dirige (entre autres) cet ensemble alliant vents, cordes et percussions pour lequel elle compose une musique audacieuse. C’est passionnant de bout en bout, plein d’idées et d’énergie mais aussi sérieusement inventif. Il faut dire que cette musicienne a s’est nourrie des musiques d’Anthony Braxton, Charles Mingus ou de l’AACM de Chicago, soit d’excellentes sources d’inspiration. Ceci explique cela mais n’enlève rien à la singularité de cet ensemble et à l’intérêt de ce disque. Nebia est disponible à l’écoute et à la vente (numérique et physique) sur la page Bandcamp dédiée, ici. Ears and Eyes Records.


    Peter ROSENDAL with THE ORCHESTRA & TRIO MIO : « Trickster »

    Peter Rosendal, Trickster, Stunt records - 2020

    Retour en Europe pour clore cette mini-sélection estivale en compagnie du pianiste danois Peter Rosendal. Avec Trickster, il propose une relecture singulière des musiques traditionnelles de Scandinavie et d’ailleurs. Un assemblage musical des plus réussis autour de son trio « folklorique », Trio Mio (Rosendal -piano, clavier-, Jens Ulvsand -guitare- et Kristine Heebøl -violon-) et d’une grande formation, The Orchestra. Grâce talent qu’on connaît à ce « quadra » plein d’imagination, cette musique réussit parfaitement à lier tradition, modernité et audace. Du jazz, elle reprend la liberté et le goût pour l’improvisation, des musiques traditionnelles elle sait extraire la saveur authentique et la simplicité de formes arrangées avec une vraie science de l’architecture musicale. Un excellent disque et un bel objet doté d’une pochette aux collages pleins d’humour. Trickster – Stunt Records (DK).


    À suivre… en septembre 2020.
    Et d’ici-là ne manquez pas de visiter l’indispensable CultureJazz.fr !

  • Jazz, Impro & C° – disques de juin 2020

    Jazz, Impro & C° – disques de juin 2020

    Festival Le Emouvantes 2020 - 16 au 19 septembre à Marseille

    Commençons par un signe d’espoir qui préfigure le retour à la vraie vie. Le festival « Les Émouvantes » est annoncé du 16 au 19 septembre au Théâtre des Bernardines à Marseille autour de la thématique « Carrefour des imaginaires« . Claude Tchamitchian en est toujours le directeur artistique et sera présent sur scène, pas seulement pour présenter les soirées et veiller au grain, mais aussi avec sa contrebasse dans le trio de la flûtiste Naïssam Jalal (16 septembre à 21h). Avec la jauge assez réduite de cet agréable lieu, les risques sanitaires seront réduits. Il faut saluer le courage de l’association organisatrice qui n’étonnera pas ceux qui connaissent l’engagement réfléchi de Claude Tchamitchian et de sa Compagnie. J’y étais l’an passé pour CultureJazz. Le programme diversifié et toujours curieux qui vient d’être annoncé promet quatre riches soirées sur le plan artistique. Le site : Festival Les Émouvantes 2020.

    Les disques du mois

    Pour le moment, nous avons toujours des disques à écouter, qu’ils soient en plastique délicatement enveloppés ou au format numérique. 40 nouvelles références pour ce mois de juin 2020 à découvrir dans le catalogue mensuel de Zarbalib(r) (téléchargeable car en PDF, avec plein de liens actifs dedans !).

    Cordes frottées, pincées, frappées…

    Stéphanie-Marie Degand et Violaine Cochard

    Dans la continuité de ma gazzette de mai 2020, je reviens avec bonheur vers la musique de Johann Sebastian Bach pour évoquer le magnifique disque que les duettistes Stéphanie-Marie Degand et Violaine Cochard ont consacré à l’intégrale des sonates pour violon et clavecin signées du « Cantor de Leipzig ». Le label NoMadMusic qui le publie entretient aussi des liens étroits avec l’univers du jazz. On retrouvait d’ailleurs Violaine Cochard aux côtés de Louis Sclavis (clarinettes) et Matthieu Metzger (saxophone) avec l’ensemble Amarillis pour « Inspiration baroque« , autre disque exemplaire sur le même label en 2016 (chronique sur CultureJazz, ici…). Leur approche dans l’esprit de l’époque (violon baroque) est portée par la complicité musicale de deux amies de longue date qui se délectent de l’interprétation d’un précieux répertoire pour clavier (à cordes pincées) et violon. Un enregistrement incontournable ! (En savoir plus et écouter sur le site de NoMadMusic, ici…).

    Alexander Hawkins & Tomeka Reid

    On découvrira aussi une vraie affinité musicale à l’écoute du duo piano-violoncelle que composent le pianiste britannique Alexander Hawkins et la formidable violoncelliste (de Chicago), Tomeka Reid. Cette fois, nous abordons des modes de jeu et une musique ouverte de notre sècle. L’improvisation libre est reine mais avec un sens de l’écoute et de l’interaction qui fait de chaque pièce une véritable composition spontanée. Une rencontre de haut niveau proposée sur l’excellent label suisse Intakt Records animé par Patrik Landolt. (« Shards and Constellations » – Intakt Records 2020).

    Nathalie Darche

    Comment ne pas penser à Erik Satie et à Claude Debussy à l’écoute du dernier enregistrement réalisé en piano solo par Nathalie Darche. Elle y interprête 15 berceuses composées par Geoffroy Tamisier, musicien dont on connaît de longue date la grande sensibilité à la trompette et qui rappelle ici qu’il est aussi un fin compositeur. Des berceuses pour renaître dans le « monde d’après« , enregistrées sur le célèbre piano du Studio La Buissonne à Pernes-Les-Fontaines. Pouvait-on rêver mieux ? (« 15 berceuses » – Yolk Records)

    Autour du piano, toujours…

    Matthew Shipp

    Trois pianistes,encore et toujours pour ajouter encore de la diversité esthétique..
    Avec « The Piano Equation« , Matthew Shipp est très largement à la hauteur de sa réputation grandissante. Ce disque en piano solo est la preuve éclatante de sa créativité nourrie de l’histoire de l’instrument dans le jazz. « Les genres s’entrechoquent dans son jeu avec bonheur. Avant-gardiste certes, il est tout de même capable de swing racinaire. » écrit Yves Dorison pour CultureJazz. Comme lui, je concluerai en considérant que ce disque est « tout simplement remarquable« . (« The Piano Equation » – TAO Forms Records ).

    Martial Solal & Dave Liebman

    Après plus de 80 ans de pratique quotidienne assidue du piano, Martial Solal n’a pas son égal pour jouer avec l’instrument, aussi agile sur le clavier qu’un funambule sur la corde, toujours en équilibre parfaitement maîtrisé. Il en a rencontré des musiciens, des maîtres, au cours de sa carrière exceptionnelle ! En 2016, il eut l’occasion de dialoguer avec le saxophoniste Dave Liebman. Après « Masters in Bordeaux » (cf. CultureJazz) publié en 2017, on les retrouve un peu plus tard cette même année 2016 à la Maison de Radio-France. « En duo, ils vont à l’essentiel et mènent une conversation sans temps morts en abordant quelques thèmes bien connus pour en extraire des saveurs nouvelles : c’est bien là la magie du jazz. » écrivais-je en 2016. Bis repetita. Ébouriffant !

    Cory Smythe

    Cory Smythe est un remarquable pianiste et compositeur américain. Pour « Accelerate Every Voice« , il remplace les composantes instrumentales d’un sextette de jazz par des voix, à l’exception du piano. Sur cette base, il imagine une musique totalement neuve, étonnante et, de ce fait, passionnante. On pourra lire ma chronique sur CultureJazz.fr, ici…, accompagnée d’un OUI !, le label honorifique de référence ! (« Accelelerate Every Voice » – Pyrolastic Records 2020 ).

    L’imposante et chaleureuse contrebasse…

    Jorge Roeder

    Solo encore pour le contrebassiste péruvien Jorge Roeder. Ce musicien de grand talent installé à New York, entendu aux côtés du guitariste Julian Lage ou du tromboniste Ryan Keberle n’a pas attendu le confinement pour enregistrer seul ce très beau disque sensible et poétique qui n’est surtout pas une démonstration de virtuosité gratuite. Superbe interprétation du Lonely Woman d’Ornette Coleman ! (« El Suelo Mio » – Autoproduction/Bandcamp)

    Roger Kintopf

    Élève de Riccardo Del Fra au conservatoire national de musique de Paris depuis l’an passé, le jeune contrebassiste Allemand Roger Kintopf est à bonne école ! Il fait la preuve de son talent d’instrumentiste mais aussi de compositeur à la tête d’un solide quartet qui fait avancer le jazz d’aujourd’hui dans les traces du passé avec un enthousiasme communicatif. (‘Structucture » – Double Moon records)

    Tarik Hassan

    J’ai découvert le contrebassiste américain Tarik Hassan suite au message qu’il m’a adressé dans un français impeccable. C’est rare venant des USA ! Il faut dire qu’avec des origines irlandaises (sa mère) et palestiniennes (son père), il a tout d’un citoyen du monde. D’ailleurs sa musique sensible, poétique, remarquablement structurée puise son inspiration dans différentes cultures. Un musicien qu’on découvrira avec plaisir à l’écoute de ce beau disque. (« Yalla » – Autoproduction/Bandcamp)

    Le « Journal de la Peste » de Ben Golberg

    Ben Goldberg, Plague Diary - autoproduction mars à juin 2020
    Ben Goldberg – « Plague Diary » – Bandcamp

    Je terminerai cette revue de disque du mois de juin 2020 en faisant encore référence au confinement quasi généralisé pour cause de pandémie. On l’a vu, les musiciens ont dû aussi s’adapter à la situation et le travail en solo a, pour beaucoup, été la condition d’une poursuite de la pratique musicale. Ainsi, le clarinettiste américain Ben Goldberg a-t-il décidé d’enregistrer chaque jour depuis le 19 mars une pièce musicale qu’il publie sur une page dédiée disponible sur Bandcamp. Avec sa clarinette, un clavier et quelques effets, son « Plague Diary » (Journal de la peste) prend la forme d’une suite d’études pour clarinette confinée ! C’est souvent inégal mais l’idée est intéressante. Cela restera une trace d’un moment singulier. Notez que le téléchargement est totalement libre et gratuit. Cependant, Ben Goldberg rappelle qu’une petite contribution financière sera appréciée par l’artiste… Les temps sont durs pour les musiciens privés de concerts. (« Plague Diary » – Autoproduction/Bandcamp)

    À suivre… sans doute pendant l’été 2020.
    Et d’ici-là ne manquez pas de visiter l’indispensable CultureJazz.fr !