[Jazz] Janvier 2021 : William Parker puissance 10… et 20 disques !
Et voilà 2021 qui ressemble fort à 2020 avec le même brouillard sanitaire persistant. Souhaitons-nous la meilleure année possible cependant et gardons l’espoir !
Toujours pas de jazz sur scène à cette heure, en France comme ailleurs. Ce mois-ci encore, il nous reste le disque et la musique en images. 21 disques au catalogue ce mois-ci (janvier 2021 – PDF). Parmi eux, une œuvre assez monumentale, le coffret de dix disques inédits enregistrés ces derniers mois par William Parker. Migration of Silence Into and Out of The Tone World est l’œuvre d’un sacré musicien que l’on osera considérer comme un musicien sacré dans la mythologie du jazz afro-américain.
Une vision de la liberté.
Pour clore la sixième décennie de son existence (il est né en janvier 1952), William Parker (Wikipedia) a construit un album en dix chapitres. Dix disques, pour des ensembles de jazz aux géométries changeantes et des solistes en faisant la part belle à la voix.
William Parker est contrebassiste mais c’est avant tout un musicien explorateur. Il aime adopter des instruments qui évoquent la diversité des sonorités du monde (flûtes, percussions et même cornet).
Citoyen américain engagé, il milite pour une nouvelle « Révolution Culturelle » mise en action depuis 1996 dans le Vision Festival qu’il co-organise à New York.
Cette suite de dix disques apparaît comme un manifeste pour « Cultiver et apprendre les nouveaux systèmes musicaux qui nous permettront d’entrer dans le monde du son et danser jusqu’à ce que le jour soit né. » (W. Parker).
Pour lui, la musique est un des leviers de la libération du monde si on sait s’affranchir des codes esthétiques et des normes établies. En écrivain, poète et théoricien des musiques afro-américaines improvisées, il développe largement ses conceptions dans le livret très documenté qui accompagne le coffret.
Dix heures de musique !
En dix heures de musique et 91 plages, on a le temps de parcourir le monde sonore de William Parker. Des espaces où s’expriment les couleurs instrumentales d’une grande richesse qui laissent migrer le silence et s’épanouir la poésie des voix et des sons. Une musique d’une grande pureté, forte et fragile à la fois. Tout est dit sans forcer le trait et dans une grande modération du discours. Belle manière pour faire passer un message pourtant déterminé.
Éliminer la haine, le racisme, le sexisme, la cupidité et les mensonges…
William Parker dédie ce coffret « à toutes les personnes dans le monde qui recherchent la liberté – celles qui veulent éliminer la haine, le racisme, le sexisme, la cupidité et les mensonges de leur vivant. Toutes ces pratiques ont historiquement conduit à l’impérialisme, à la guerre, au génocide, au mépris total du caractère sacré de la vie.« .
Il ajoute : « Il est impératif de se lever et de s’exprimer de toutes les manières possibles. Chaque instant est un nouveau départ qui nous donne une autre chance de vivre, de changer.«
Beau message d’espoir pour rester debout !
Pour le moment, il est aussi évidemment conseillé d’écouter cette œuvre qui est aussi, à sa manière, un état des lieux du jazz libre d’aujourd’hui, ancré dans l’histoire du peuple afro-américain.
William Parker : compositions, contrebasse et autres instruments /+/ Un éventail international et intergénérationnel de chanteurs et musiciens, complices de longue date (comme le batteur Hamid Drake…) et d’une nouvelle génération d’artistes engagés.
Enregistrements de 2018 à 2020 (Centering Records – AumFidelity – Disponible sur Bandcamp – 70 $)
Les disques du mois au catalogue
Cliquez sur l’image pour accéder au catalogue de janvier (PDF ) !
Avec les disques de : Theo Bleckmann & The Westerlies || Cyril Cianciolo & Jérôme Peyrelevade || Sylvain Daniel || DogOn || Phillip Dornbuschs Projektor || Lara Driscoll & Chris White || Rembrandt Frerichs Trio & Hossein Alizadeh || Alexandra Grimal – Edward Perraud || Arthur Hnatek Trio || Marc Hoffman || Kevin Kastning - Sándor Szabó - Balázs Major || Joe Lovano Trio Tapestry || Shai Maestro || William Parker || Ivo Perelman Trio || Enrico Pieranunzi & Bert Joris || Diego Pinera || Antonio Placer Sextet invite Antonio Campos || Mario Rom’s Interzone || Miguel Zenón & Luis Perdomo || Will Zimmer
Mode d’emploi du catalogue et de la musique numérique à lire ici : [Bases] Musique numérique : comment faire ? (01/2021)
Les coups de chapeau Zarbalib’r de janvier 2021 :
Outre William Parker avec « Migration of Silence… » (ci-dessus), on salue aussi les disques de…
Theo Bleckmann & The Westerlies
« This Land »
Une voix masculine et un quatuor de cuivres. Au carrefour du jazz et des musiques « sérieuses ». De la poésie et une certaine fantaisie bien plaisante.
The Westerlies Music (sur Bandcamp pour écoute et achat)
Ivo Perelman Trio
« Garden Of Jewels »
Artiste complet, musicien, plasticien, Ivo Perelman est sans doute un des saxophonistes au lyrisme le plus ardent du jazz libre. Ici avec son fidèle complice tout aussi remarquable, Matthew Shipp (piano) et Whit Dickey (batterie).
TAO Forms Records – distribution Orkhêstra (et sur Bandcamp)
Enrico Pieranunzi & Bert Joris
« Afterglow«
Quand le pianiste romain rencontre le trompettiste belge, ils ont de belles choses à se (nous) raconter. Un duo complice d’une grande élégance. La musique et l’art de l’épure.
Challenge Records – Distribution [PIAS] (voir aussi le site de Challenge Records)
À suivre, en février 2021…