Jazz-impro & C° : disques de mars 2020.
Comme l’épidémie de coronavirus devrait nous imposer de limiter nos sorties, autant avoir de la musique à écouter chez soi.
Le catalogue des disques du mois (PDF) sur Zarbalib.fr propose de nombreuses nouvelles références dans le domaine du jazz et des musiques improvisées. Les liens permettent de mieux découvrir les artistes et formations présentés et souvent d’écouter la musique en ligne… Une façon d’affûter sa curiosité et de s’ouvrir à de nouveaux univers artistiques.
Et si vraiment vous ne pouvez plus sortir, vous pourrez commander les albums numériques directement de chez vous. On a tout prévu !
L’Appeal du disque CultureJazz de février-mars.
Un petit tour dans le fameux « Appeal du disque » de CultureJazz.fr pour commencer.
Vingt chroniques de disques écrites pour la plupart par mon camarade Yves Dorison (15) et les cinq autres par votre serviteur.
J’ai tenu à mettre en avant les nouveaux albums français de François Ripoche (Happy Mood) dont je vous parlais déjà ici en janvier (https://zarbalib.fr/jazz-impro-c-janvier-2020/) et de Christophe Marguet, autre « happy disque » particulièrement réussi (Happy Hours – OUI !). Inévitablement (?), la pianiste japonaise Satoko Fujii a retenu mon attention. Sa production sur son label est abondante et toujours digne d’intérêt. On retrouve son remarquable Orchestra New York qui équilibre parfaitement improvisation libre et composition (Entity – OUI !).
Enfin, un petit tour dans les Balkans pour découvrir le bel ensemble co-dirigé par le pianiste Vladimir Nikolov et le batteur Srđan Ivanovic. Cette formation intègre deux excellents musiciens français, l’accordéoniste Noé Clerc et le flûtiste-vocaliste Magic Malik (Frame & Curiosity).
Encore un OUI ! bien mérité (de mon point de vue !) pour le remarquable « The Waves Are Rising Dear ! » d’Andreas Schaerer et son groupe Hildegard Lernt Fliegen dont je vous disais déjà grand bien dans la page Jazz-Impro & C° de février.
Je n’ai pas écouté tous les disques chroniqués par Yves Dorison mais je partage son avis pour Caravaggio sur les traces d’Edgar Varèse et Pierre Schaeffer mais au XXIè siècle (Tempus Fugit – écoute ici), le remarquable trio de Frank Woeste, Vincent Courtois et Ryan Keberle, « Reverso » (The Melodic Line – OUI !) ou encore à propos du trio de la pianiste franco-canadienne Lara Driscoll (Woven Dreams – voir plus loin).
Je serai plus enthousiaste et élogieux en ce qui concerne le disque de Jean-Marc Foltz, Wild beasts et je confirme mon « coup de chapeau » de février 2020.
Les disques sortis des rayonnages.
Parmi les disques parus (ou à paraître) en février et mars, j’ai choisi d’un mettre quelques-uns en avant.
Tous les détails sur ces disques et les liens utiles figurent dans les catalogues de février 2020 ou mars 2020 en PDF.
Dave Rempis, saxophoniste de Chicago, est un militant de l’improvisation. Il publie sur son label Aerophonic Records les traces de ses rencontres et collaborations. Kuzu est un trio « établi » (saxes, guitare, batterie) dont voici le second album, une seule plage improvisée de 55 minutes !
Référencé AR024 au catalogue Aerophonic, « Of Things Beyond Thule » est le premier volume enregistré par un quintet de caïds de l’impro dans lequel on retrouve le « vétéran » Joe McPhee (trompette de poche, saxophone) et Tomeka Reid au violoncelle ainsi que le batteur norvégien Paal Nilssen-Love.
Plus écrite et aussi plus « linéaire » dans son discours mélodique, la musique du trio Nutria mérite d’être écoutée avec attention (page Bandcamp ici… ). L’art du jeu collectif sur les traces de Jimmy Giuffre ou de John Carter.
Ahmed Abdullah reste pour toujours un disciple de Sun Ra et un trompettiste fidèle de l’Arkestra. Il rend hommage à son Roi Soleil avec le Diaspora & Afro Horn Ensemble en faisant revivre l’esprit et les sonorités de la musique de Sun Ra. À ses côtés, des musiciens réputés comme le tubiste Bob Stewart ou le batteur Ronnie Burrage… Téléportation dans les années 70, peut-être mais avec grand plaisir ! (Jazz: A Music Of The Spirit)
Restons dans l’esprit universel et multi-culturel du jazz avec le disque du saxophoniste-compositeur d’origine brésilienne Felipe Salles. À la tête de son Interconnections Ensemble, il a composé une œuvre captivante sur la thématique on ne peut plus actuelle de l’immigration. Un détour par son site internet vous permettra d’avoir un aperçu de ce projet « multimedia » basé sur un film original de Fernanda Faya « Interviews with Dreamers« . Un travail savamment orchestré, d’une grande sincérité. (The New Immigrant Experience)
Le contrebassiste américain Gregg August a composé « Dialogues on Race » en pensant à Charles Mingus autour de poèmes de Maya Angelou, Langston Hughes et d’autres. Couleurs sonores profondes, sensibilité, orchestrations travaillées : de la belle ouvrage !
Le « trio de piano » (piano-contrebasse-batterie) incarne la noblesse du jazz d’aujourd’hui. Il y en a tant qu’il est difficile de repérer ceux qui imposent leur différence.
J’évoquais la pianiste Lara Driscoll avec son disque Woven Dreams, plus haut. Passant du Canada aux USA, il ne faudrait pas passer à côté du trio Day Dream (le rêve encore, tiens !) à savoir l’excellent batteur Phil Haynes, Drew Gress, la force tranquille de la contrebasse et Steve Rudolph, pianiste d’une grande élégance. Dans la norme du jazz, ils insufflent à leur musique des ambiances changeantes, poétiques, de la fantaisie et une énergie parfaitement contrôlée. La classe !
Restons Outre-Atlantique avec Without Deception par le trio presque « pépère » que constituent Kenny Barron (piano), Dave Holland (contrebasse) et Johnathan Blake, batteur étincelant. Un disque publié sur le label de Dave Holland (Dare records) auquel Yves Dorison a attribué un OUI ! sur CultureJazz (sa chronique est à lire ici…). Moi, je regrette toujours le Dave Holland de la « Grande Époque » (Anthony Braxton, Sam Rivers puis avec Steve Coleman…).
Un passage en Italie (malgré le confinement covid-19 !) pour écouter le trio Doctor3. Au moment où la péninsule transalpine a tant besoin de ses médecins, ce trio de « docteurs » du jazz pourra vous remettre en forme avec son énergie combative. Ils interprètent la musique d’une star de la pop italienne Lucio Battisti. Au piano, Danilo Rea, avec Enzo Pietropaoli (contrebasse) et Fabrizio Sferra (batterie). Deux titres à écouter ici… (Canto Libero – Via Veneto Jazz-Jando Music)
Je termine cette revue de mars avec des cordes et quelles cordes !
Un coup de chapeau tout d’abord au formidable trio réuni par le contrebassiste Claude Tchamitchian pour le disque « Poetic Power » (tout est dit dans ce titre !). Il a convié cette fois Christophe Monniot aux saxophones (et effets) et Tom Rainey (THE batteur !). C’est Pierre Gros qui a chroniqué ce disque pour CultureJazz. Je m’associe à son éloge (OUI ! – ici…).
Cordes et trombone (et autres machineries électroniques) avec le trio germano-suisse que constituent Harald Kimmig (violon), Daniel Studer (contrebasse) et Alfred Zimmerlin (violoncelle). Ces funambules de l’improvisation ont invité le grand tromboniste expérimentateur George Lewis. Une rencontre improvisée de très haut niveau sur le label Ezz-thetics qui succède à Hat Hut Records. Coup de chapeau !
Saluons enfin le jeune ensemble à cordes français, « Les Enfants d’Icare » (en l’occurrence, c’est plutôt Dominique Pifarely qui les parraine !). Avec leur disque « Hum-Ma » ils se font une jolie place dans la tradition hexagonale des cordes jazz (on pense à Didier Levallet). Je vous invite à lire la chronique du concert qu’ils ont donné à Paris le 6 mars. C’est l’ami Alain Gauthier qui y assistait pour CultureJazz ! (lire ici…).
J’aurais pu vous parler aussi du disque furieusement « Brésil » du pianiste américain Brian Marsella avec une sacrée équipe de musiciens (Jon Irabagon, Mark Feldman, Cyrio Baptista…). Musique flamboyante, arrangements brodés main, poésie et raffinement… Chronique prévue sur CultureJazz d’ici peu ! C’est sur le label de John Zorn, Tzadik Records.
J’aurais aussi aimé vous présenter un guitariste qui mérite votre écoute, le canadien Alex Goodman. Son disque « Impressions in Blue and Red » est en deux volets, deux univers avec un Blue Quartet (disque 1) différent du Red Quartet. Il a constitué ces formations à New York où il réside. J’ai accroché tout de suite à la finesse de l’écriture et à l’esprit de cette musique.
J’aurais aimé mais, raisonnablement, cette revue est déjà bien assez longue… À la prochaine fois !
Tous les détails sur ces disques et les liens utiles figurent dans les catalogues de février 2020 ou mars 2020 en PDF..