Jazz Impro & C° – février 2020

Jazz et musiques improvisées : quels disques vont éclairer notre hiver ?
La période n’est guère propice aux escapades nocturnes pour nous, les provinciaux. Il y a peu de concerts et on manque de courage pour prendre la route. Il en résulte un meilleur bilan carbone. C’est toujours ça.
On peut alors écouter de la musique chez soi.
C’est donc l’occasion de mettre en avant quelques disques parus récemment ou à paraître prochainement
Il y en a 23 dans le catalogue du mois à consulter ou télécharger ci-dessous, en pdf.

Quelques disques sortis des rayonnages…

Tous les détails sur ces disques et les liens utiles figurent dans les catalogues de décembre 2019, janvier et février 2020 (lien en cliquant sur l’image)

Trois trios en tête de gondole.
Celui du guitariste canadien Gordon Grdina (comment ça se prononce ?) se veut nomade avec Matt Michell et Jim Black, autant dire l’excellence déclinée dans une formule très inventive. Je partage à 100% l’avis d’Yves Dorison sur CultureJazz (lire iciOUI !).
Autre canadien (installé à Berlin), Peter Van Huffel retrouve le souffle électrique survolté de Gorilla Mask. Ce trio de costauds a bien mûri et possède une vraie identité esthétique. « Brain Drain » est sans doute son meilleur disque.
Troisième trio et pas le moindre, celui qui réunissait en 2009 le pianiste allemand Georg Graewe, le violoncelliste iconoclaste Ernst Reijseger (Pays-Bas) et le formidable percussionniste américain qu’est Gerry Hemingway. De la musique improvisée de haute volée. Un inédit… renversant !

À vous mesdames !
Julie Campiche, harpiste suisse, a constitué un quartet qui met en valeur un goût très sûr pour les formes et les couleurs musicales. Des qualités que l’on retrouve chez l’autre harpiste de cette sélection, Isabelle Olivier qui imagine une Oasis luxuriante avec le guitariste americano-pakistanais Rez Abbasi (jazz aux épices orientales).
L’inclassable Sarah Murcia n’est pas seulement une grande contrebassiste, elle aime aussi chanter des choses un peu tordues (on aime !) et sait s’entourer d’amis fidèles. Le tuba de François Thuillier donne aussi une couleur chaude et singulière à cette formation des plus intéressantes.

Restons dans le champ de la voix avec l’un des plus grands vocalistes de notre décennie : Andreas Schaerer avec son groupe phare Hildegard Lernt Fliegen. Comme Julie Campiche, il est suisse et confirme qu’il est un incroyable compositeur de mélodies addictives ! Magnifique disque ! Remarquez, celui du pianiste Paul Lay n’est pas mal non plus. On y retrouve avec une autre grande voix du moment, la suédoise Isabel Sörling. Elle nous étonne sur ce répertoire de musiques populaires de la fin du XIXe et début XXe siècle. Recommandé !
Je l’avoue, ce n’est pas la voix d’Alexandra Grimal qui me touche le plus, c’est la sensibilité de son jeu aux saxophones. Elle retrouve là le pianiste Giovanni de Domenico pour un duo sensible, déterminé, inventif et poétique.

Trois anges des anches ensuite…
Stéphane Payen avec son curieux saxophone alto droit et son groupe-atelier, The Workshop. More Conversations with The Drum prolonge ses recherches sur l’articulation de rythmes complexes et de mélodies acrobatiques. Évidemment, Olivier Laisney (trompette) est de la partie et brille dans cette formation à l’équilibre parfaitement maîtrisé.
Retour aux sources pour André Jaume qui l’année de ses 80 ans, nous offre un superbe album solo au saxophone ténor en forme d’hommages et d’hymnes à la vie. Un recueil émouvant de jazz épuré, libre, maîtrisé, corsé.
Jean-Marc Foltz, le clarinettiste, compositeur et co-responsable du label Vision Fugitive nous propose son livre disque de l’année sur le thème de la faune sauvage autour d’images saisissantes de Nicolas Bruant. Le quartet qu’on retrouve ici avec grand plaisir est toujours aussi réactif, imaginatif et sensible. Des « bêtes de jazz » racées d’une grande puissance créative, indiscutablement !

On joue collectif pour clore cette série !
On commencera par un groupe solide qui nous vient de la grande région lyonnaise, La Table de Mendeleïev qui invite pour le septième volet de son œuvre l’accordéoniste américaine Andrea Parkins. J’ai chroniqué ce disque en décembre 2019 sur CultureJazz.fr (OUI ! ).
Ne cherchez pas Hans Anselm parmi les 18 musiciens qui composent le big-band à son nom : il n’existe pas ! Cette formation berlinoise s’appuie sur un quartet éponyme. Elle a été formée en 2015 par la pianiste Anna Wohlfarth et le guitariste Benedikt Schnitzler. Une belle découverte pour ma part avec une musique mélodique mais assez originale pour retenir l’attention et sortir des sentiers (trop) battus des big-bands conventionnels. À écouter sans hésiter. On y retrouve en plus l’excellent saxophoniste strasbourgeois Musina Ebobissé. (Lire ici…).
Concluons avec la belle famille de l’A.M.I. de Château-Arnoux-Saint-Auban 1Atelier de Musiques Improvisées – Association et édition de disques avec le Label Durance.(Alpes de Haute-Provence) réunie pour un hommage à Thelonious Monk à l’occasion des 30 ans de cette association indispensable et géniale ! (cf. Ma chronique sur CultureJazz à lire ici ).

À suivre en mars 2020…