La poésie pour mieux parler français.

Pour vivre ici ou ailleurs, quand on est demandeur d’asile, exilé, réfugié, apprendre la langue des autochtones est une épreuve de plus à surmonter.
Que de mots à stocker ! Que de phrases à enregistrer !
Quand pour le quotidien, parler, lire et écrire en français devient possible, il faut pouvoir dire.
Il reste tant de choses dans la machine à penser, tant de stress, tant d’images négatives stockées, que la poésie a le pouvoir de libérer l’expression et peut contribuer à la maîtrise de la langue.

Tu dis….Et déjà…..

Tu dis poème de Joseph-Paul Schneider
Tu dis – Poème de Joseph Paul Schneider (1940-1998)

Dans son poème, Joseph-Paul Schneider dit des mots qui lui révèlent des images.
Le procédé est simple. Il nous a semblé qu’écrire à la manière de ce poète, pouvait permettre aux jeunes exilés de dire à leur tour, pour faire émerger des sentiments.

  • Dire des mots qu’on a choisis ;
  • des mots qui cachent des images oubliées ;
  • des mots qui font voyager, rêver ;
  • des mots dont on aime la musique ;
  • des mots qui racontent ;
  • des mots qui font partager des espoirs, des sentiments…

Poème à deux voix mais chacun sa parole.

Deux jeunes adultes afghans participaient à cet atelier. Pour l’un d’eux, c’était la première séance d’écriture poétique.
Nous avons privilégié la réflexion collective afin de libérer la parole.
Après lecture du poème de Joseph-Paul Schneider, nous avons observé sa structure et dressé une liste de mots qu’ils aimaient bien ou qui leur semblaient importants.
Les deux participants se sont mis d’accord pour choisir quatre mots dans cette liste.
Le choix et la construction des phrases ont été concertés. Elles se sont enrichies mutuellement, l’animateur jouant le rôle de secrétaire.

Pour le mot Maman, il n’était plus question de formuler une phrase unique. Les images qui lui sont associées sont trop personnelles et le poème est devenu celui de chaque participant.

À partir du poème : « Tu dis  » de Joseph Paul Schneider

Poème à deux voix :
Dawod et Edris (Afghanistan)
4 octobre 2021

Tu dis fleur
Et déjà je dors dans un champ plein de fleurs.

Tu dis étoile
Et déjà le ciel est rempli de fleurs scintillantes.

Tu dis oiseaux
Et déjà le vent siffle et les emporte plus haut, toujours plus haut.
Et déjà la nature commence à chanter.

Tu dis maman
Et déjà quand je m’endors, je manque de tes câlins, de tes chansons.
Et déjà quand je respire une fleur, je me rappelle de toi.
Et déjà je me souviens de mon enfance.
Et déjà tu es la vie pour moi
Comme l’eau pour le poisson.


En savoir plus sur les ateliers de français mis en place à Coutances (Manche) dans le cadre de l’association Solidarité sous les pommiers : lire la page « Sans frontières ».