Des mots pour le dire.

Parmi les jeunes réfugiés qui participent aux ateliers de français organisés dans le cadre de l’association Solidarité sous les pommiers, ceux qui détiennent déjà quelques outils pour manier la langue française à l’écrit se voient proposer des situations d’écriture poétique.

La poésie: un passeport pour le présent

Poème Liberté de Maurice Carême. Utilisé pour des ateliers de français avec des réfugiés à Coutances (F- Manche)

La poésie ouvre des portes pour exprimer sa pensée.
Poser des mots pour affirmer ses choix, ancrer ses convictions, se persuader de lendemains qui chantent… c’est un passeport provisoire pour vivre le présent en attendant une réponse à sa demande d’asile.

Le poème de Maurice Carême : « Liberté », évoque l’espoir, l’absence nécessaire de regrets pour que le voyage ait un sens.

Ce poème a été lu et commenté puis quelques jalons « volés » au poète ont permis à chacun de formaliser passé, présent et futur par la rédaction de quelques lignes bien personnelles.

NB : Amorcé en 2019, ce travail a été repris en 2021. Le texte ci-dessous en témoigne…


Poème de Maurice Carême : « Liberté »
transformé par Bilal
(Afghanistan)
novembre 2021

J’ai pris du soleil
Dans le creux des mains,
Un peu de soleil
Je suis parti au loin !
Je suis parti avec mon ami.
J’ai quitté la maison.
Je suis parti vers la France pour laisser les talibans.
La jeunesse est brève.
J’ai pris des chemins toujours nouveaux.
Il est des chemins qui vont vers ce que j’aime.
Je ne regrette pas ce que j’ ai quitté.
J’ai regardé là-bas,
l’horizon briller !
Loin, toujours plus loin,
Le monde appartient à ceux qui n’ont rien.

Poème de Maurice Carême : « Liberté »
transformé par Dawod
(Afghanistan)
18 octobre 2021

J’ai pris du soleil 
Dans le creux des mains, 
Un peu de soleil
Je suis parti au loin ! 
Je suis parti vers n’importe où avec mon petit sac
Pour suivre mon rêve
Je suis parti à pied loin, au loin
La jeunesse est brève
J’ai pris des chemins dangereux et j’avais peur
Des chemins qui me disaient : Il y a la liberté là-bas.
Je  ne regrette jamais mais ma famille et mon pays me manquent. 
J’ai regardé au loin il y avait de la lumière là-bas.
Je suis parti en espérant.
Le monde appartient à ceux qui n’ont rien.

Poème de Maurice Carême : « Liberté »
transformé par Nourou
(Mali)
20 novembre 2019

J’ai pris du soleil
Dans le creux des mains,
Un peu de soleil
Je suis parti au loin !
Je suis parti à l’école
J’ai suivi mon avenir
Je suis parti pour apprendre et connaître beaucoup de choses
dans le Monde
La jeunesse est brève
J’ai pris mon chemin de connaissance
Je ne regretterai pas tout ce que j’ai fait dans ma vie passée
quand je retrouverai un futur.
Je pense toujours à mes études là-bas
Loin, toujours plus loin,
Je suis parti avec mon avenir dans la tête, en chantant.
Le monde appartient à ceux qui n’ont rien.

Poème de Maurice Carême : « Liberté » transformé par Mumtaz
( Afghanistan)
20 novembre 2019

J’ai pris du soleil
Dans le creux des mains,
Un peu de soleil
Je suis parti au loin !
Je suis parti pour attraper mes rêves
J’ai suivi les buts de ma vie
Je suis parti sur le Monde
La jeunesse est brève
J’ai pris des chemins vers ma réussite
Il est des chemins où la chance m’a aidé.
Je ne regrette pas mes rêves. 
Je ne regrette pas la vie passée que j’ai quittée
 si je trouve un beau futur.
Je regarde là-bas, l’horizon briller !
Loin, toujours plus loin,
Je suis parti en chantant mon poème.
Le monde appartient à ceux qui n’ont rien.

Poème de Maurice Carême : « Liberté » transformé par Ibrahim
(Soudan)
20 novembre 2019

J’ai pris du soleil
Dans le creux des mains,
Un peu de soleil
Je suis parti au loin !
Je suis parti de ma ville
J’ai suivi mon cœur
Je suis parti vite
La jeunesse est brève
J’ai pris des chemins pour mon rêve
Il est des grands chemins de vie
Je ne regrette pas ce que j’ai quitté.
J’ai regardé là-bas, l’horizon briller !
Loin, toujours plus loin,
Je suis parti en musique.
Le monde appartient à ceux qui n’ont rien.

En savoir plus sur les ateliers de français mis en place à Coutances (Manche) dans le cadre de l’association Solidarité sous les pommiers : lire la page « Sans frontières ».