Jazz Jukebox #1 – décembre 2021

Et voici le Jazz Jukebox, nouveau venu dans la rubrique Jazz Impro & C° de Zarbalib.fr !
C’est le numéro un, on en déduit qu’il devrait être suivi d’autres à parutions probablement régulières.
Le but ? mettre en avant des albums à la manière des « Coups de chapeau » mensuels, les accompagner d’un commentaire qui éclaire leur propos, leur auteur, leur histoire… et proposer un module de lecture permettant, selon les plateformes, d’écouter des extraits (30 secondes, c’est bref !) ou des plages entières comme c’est le cas avec Bandcamp. Et n’oubliez pas que vous pouvez acheter les albums : les musiciens et leurs labels en vivent !
C’est parti !

Au sommaire de ce premier Jazz Jukebox :

9 disques jazz, Frederic Borey, Rene Bottlang, Steve Coleman Five Elements, Whit Dickey, William Parker, Matthew Shipp, Giovanni Guidi, Raphael Imbert, Kimbrough, Ivo Neame, Sara Serpa, decembre 2021

Voix migrantes

Sara Serpa – Emmanuel Iduma : « Intimate Strangers »

Sara Serpa, Emmanuel Iduma, Intimate Strangers, Biophilia records 2021

Vocaliste portugaise basée aux USA, Sara Serpa s’associe au poète-écrivain nigérian Emmanuel Iduma pour un voyage musical poétique et philosophique. Les voix parlées, chantées, collectées lors de voyages s’assemblent sur une trame instrumentale en draperie pour évoquer le mouvement (migratoire), l’enracinement/déracinement, le chagrin, l’absence et le désir. Iduma construit ainsi « un atlas d’un monde sans frontières« . Une œuvre singulière dans laquelle on retrouve le piano de Matt Mitchell, musicien majeur ouvert à bien des expériences.
« Intimate Strangers » paraît label « écologique » Biophilia Records1Lien vers l’article sur CultureJazz.fr – 2017. Sur ce label, on trouve aussi Recognition, précédent album de Sara Serpa qui rappelait le passé colonial de son Portugal natal. Une musicienne qui est aussi une citoyenne du Monde impliquée. (Voir sur ce sujet « Sans Frontières » : situations d’écriture avec des émigrés sur zarbalib.fr)

Sara Serpa : voix, composition / Emmanuel Iduma : texte, voix parlée / Sofía Rei : voix / Aubrey Johnson : voix / Matt Mitchell : piano / Qasim Naqvi : synthé modulaire | Biophilia records 2021.


Trois saxophonistes…

Raphaël Imbert Quartet : « Oraison »

Raphael Imbert, Oraison, quartet, OutNote records 2021

Cet album propose un cheminement à la sensibilité presque liturgique à travers les rues d’Oraison, bourgade des Alpes de Haute-Provence où Raphaël Imbert résida un temps. Une ville « comme un monument aux morts » car les rues y portent les noms de ses victimes de la première guerre mondiale. Une première en quartet pour ce musicien au cheminement si atypique devenu en 2019 directeur du célèbre conservatoire de Marseille… où cet enregistrement a eu lieu avec la complicité de solides musiciens.

Raphaël Imbert : saxophones soprano, alto, ténor, clarinette basse, compositions / Mourad Benhammou : batterie / Pierre Fénichel : contrebasse / Vincent Lafont : piano | OutNote records / Outhere distribution

Seul le lecteur Deezer est disponible pour ce disques via le site d’OutNote (extraits de 30 secondes seulement !)
Si le lecteur ne s’affiche pas, raffraichissez la page (« Actualiser », selon le navigateur utilisé)


Frédéric Borey Butterflies Trio feat. Lionel Loueke : « Butterflies Trio… »

Frederic Borey, Butterflies Trio, Lionel Loueke, Fresh Sound Records, 2021, Jazz

Musicien passionné de jazz avant même d’être un brillant saxophoniste, Frédéric Borey a été remarqué dès 2007 par Jordi Pujol, le producteur du remarquable label barcelonnais Fresh Sound records. Il revient avec son Butterflies Trio pour inviter son ami de longue date, le célèbre guitariste béninois Lionel Loueke. Cette musique sensible et chatoyante sait équilibrer le sens de la mélodie et les espaces d’expression des solistes.

Frédéric Borey : saxophone ténor / Damien Varaillon : contrebasse / Stéphane Adsuar : batterie /+/ Lionel Loueke : guitares, voix sauf sur 03, 07, 11  |  Fresh Sound Records FSR 5117 2021 / Socadisc

Écoute sur la page dédiée sur le site Fresh Sound – Onglet Tracklist !


Steve Coleman and Five Elements : « Live at the Village Vanguard Volume II (MDW NTR) »

Styeve Coleman and Five Elements, Live at Village vanguard II,  Pi Recordings, 2021

On ne présente plus Steve Coleman qui conserve à 65 ans son look et sa curiosité d’éternel adolescent. Le revoici avec son groupe le plus célèbre, Five Elements qui intègre ici le rappeur Kokayi enregistré en concert au mythique Village Vanguard New York. Musicien et théoricien de la musique qu’il veut universelle, il reste fidèle aux notions d’énergie et de viatalité rythmique dans ses choix esthétiques.

Steve Coleman : saxophone alto / Jonathan Finlayson : trompette / Kokayi : wordsmith / Anthony Tidd : basse / Sean Rickman : batterie | Pi Recordings PI91 / Orkhêstra  



Quatre pianistes du solo au grand ensemble


Whit Dickey – Matthew Shipp – William Parker : « Village Mothership »

Whit Dickey, William Parker, Matthew Shipp, Village Mothership, TAO Forms records, 2021

Les trios piano-contrebasse-batterie sont légion dans le jazz aujourd’hui et ils reproduisent souvent des formes stéréotypées bien ennuyeuses. Il en va tout autrement du triangle parfait que forment Whit Dickey, William Parker et Matthew Shipp ! Ces maîtres défricheurs des musiques afro-américaines portent aussi le patrimoine historique du jazz pour mieux s’en libérer. Il font partie des rares qui maîtrisent l’art du trio et il font oublier les stars auto-proclamées… mais adulées !

Whit Dickey : batterie / William Parker : contrebasse / Matthew Shipp : piano | Tao Forms – AUM Fidelity TA006 / Orkhêstra.


Giovanni Guidi : « Ojos de Gato »

Giovanni Guidi, Ojos de gato, CamJazz, 2021

J’ai découvert Giovanni Guidi il y a dix ans sur disques et en concert (EuropaJazz festival du Mans). Un pianiste qui possède un tel sens de l’écoute dans le jeu collectif, qui sait s’arrêter de jouer pour libérer des espaces et mieux revenir dans le jeu du jazz, c’est rare ! Enrico Rava l’a d’ailleurs très vite intégré à ses formations (écouter « Edizione Speciale » – 2021). Avec des « yeux de chat » (Ojos de Gato) et une fine équipe de musiciens, il scrute le jazz de la fin du XXè siècle en une série d’hommages (Carla Bley, Franco d’Andrea, Aldo Romano, Don Cherry, Dollar Brand…) avec l’ombre du Gato Barbieri de cette époque (le chapeau) qui transparaît sans la sonorité puissante et granuleuse du saxophone de James Brandon Lewis. Très beau disque sur le label romain CamJazz.

Giovanni Guidi : piano, Fender Rhodes, compositions / James Brandon Lewis : saxophone ténor / Gianluca Petrella : trombone / Brandon Lopez : contrebasse / Chad Taylor & Francisco Mela : batterie, percussion | CamJazz	/ L’Autre Distribution.


René Bottlang : « Buenos Aires »

René Bottlang, Buenos Aires, piano solo, Meta records 2021

D’un pianiste à l’autre… Dans l’album de Giovanni Guidi, une composition est intitulée Buenos Aires. C’est là que le pianiste René Bottlang a enregistré en 2015 cet album solo qui vient de paraître sur le label MetaRecords. On y trouve essentiellement ses propres compositions toujours passionnantes mais aussi le Blowing in The Wind de Bob Dylan et Nostalgia In Times Square de Charles Mingus. Un enregistrement solo antérieur donc à « Biographies« , publié en mai 2021 et consacré aux compositions de Ralf Altrieth. René Bottlang reste un musicien aussi mythique que tranquille dans le jazz suisse.

René Bottlang : piano & compositions (sauf 3 & 9) | Meta Records


Ivo Neame : « Glimpses of Truth »

Ivo Neame, Glimpses of Truth, Whirlwind Recordings, 2021

Le nouvel album du pianiste britannique Ivo Neame permet d’apprécier ses conceptions de compositeur et arrangeur pour une grande formation. Il possède une science des polyrythmies et des harmonies acrobatiques qui le rapprocheraient presque parfois de son compatriote Django Bates, en moins exhubérante cependant. Un disque post-pandémie (?) qui mêle enregistrements studio en direct et pas mal de travail de mixage multi-pistes. Une réalisation (Whirlwind recordings) réussie compte tenu de la situation actuelle où on otera la présence d’Ingrid Jensen ou Gilad Hekselman pour ne citer qu’eux.

Nathaniel Facey : saxophone alto / Ingrid Jensen : trompette / Gilad Hekselman : guitare / Noel Langley : trompette / Jason Yarde : saxophone baryton / Trevor Mires : trombone / Gareth Lockrane : flûte / Tom Farmer : contrebasse / James Maddren : batterie / Jon Scott : batterie / Ivo Neame : saxophone, piano / Jim Hart : vibraphone / George Crowley : saxophone ténor | Whirlwind Recordings / Socadisc



Un hommage géant à un musicien trop méconnu


KIMBROUGH : « Frank Kimbrough’s Compositions » – 67 musiciens pour 61 compositions de Frank Kimbrough

Kimbrough, Music of Frank Kimbrough, piano, composer, 61 compositions, Newvelle records 2021.

Frank Kimbrough était surtout connu comme pianiste, le très fidèle pianiste du Maria Schneider Orchestra depuis 1996 en particulier. Il était aussi compositeur et enseignant et s’était fait de très nombreux amis parmi les musiciens de jazz. Né en 1956, il est décédé le 30 décembre 2020. Pour lui rendre hommage, 67 musiciens et non des moindres se sont retrouvés en studio pour constituer des formations à géométrie variable et interpréter 61 de ses compositions. Ils attestent ainsi de la richesse du répertoire qu’il laisse en héritage au monde du jazz. L’ensemble est disponible en numérique sur la page Bandcamp à partir du lecteur ci-dessous.

Addison Frei, Fred Hersch, Sean Mason, Elan Mehler, Samora Pinderhughes, Ben Rosenblum, Jacob Sacks, Scott Spivak, Helen Sung, Craig Taborn, Isaiah J. Thompson, Dan Tepfer, Micah Thomas, Gary Versace, Elio Villafranca, Joel Wenhardt, Glenn Zaleski : piano / Ben Allison, Jay Anderson, Alexis Cuadrado, Dezron Douglas, Michael Formanek, John Hébert, Marty Jaffe, Rob Jost, Rufus Reid, Tony Scherr, Martin Wind, Ben Wolfe : contrebasse / Steve Cardenas, Ben Monder, Todd Neufeld : guitares / Jeff Cosgrove, Billy Drummond, Jeff Hirshfield, Tim Horner, Douglas Marriner, Allan Mednard, Francisco Mela, Tony Moreno, Clarence Penn, Rich Rosenzweig, Satoshi Takeishi, Dave Treut, Jeff Williams, Matt Wilson : batterie / Ted Nash : clarinette / Allan Chase, Patrick Cornelius, Alexa Tarantino, Immanuel Wilkins, Steve Wilson : saxophone alto /  Allan Chase : sax baryton / Steve Wilson : sax soprano / Michael Blake, Evan Harris, Joe Lovano, Donny McCaslin, Ted Nash, Rich Perry, Noah Preminger, Scott Robinson : sax ténor / Dave Douglas, Noah Halpern, Ron Horton, Kirk Knuffke, Riley Mulherkar, Jesse Neuman : trompette / Ryan Keberle : trombone / Olivia Chindamo : voix / Ryan Truesdell : arrangements (25, 60) | Newvelle Records / Bandcamp


À suivre… prochainement...