Dans le bourg de Bréhal (Manche) et dans les environs, on trouve de nouveaux petits panneaux aux couleurs des itinéraires cyclables (vert/blanc) arborant un logo de vélo et un numéro « 1 ».
Si je suis ces flèches, je m’engage de toute évidence dans un circuit. Dans ce cas je ne sais rien de sa longueur. Je ne sais pas où il va me mener. Il faut un décodeur, sans doute un guide, un plan, une carte à retirer… quelque part.
Voilà le type de fléchage qui a le don de m’agacer et me motive pour écrire le présent article !
Investir dans des panneaux en métal durables, c’est bien. Qu’ils soient explicites et permettent à tout un chacun, de se déplacer à sa guise sur des itinéraires dédiés et sécurisés, ce serait beaucoup mieux ! Le nez au vent, sans topo ni guide. Suivons les flèches…
Standardisation harmonieuse ?
En France, l’État a défini un Plan vélo et mobilités actives qui vise, entre autres, à développer les aménagements cyclables et améliorer la sécurité des usagers.
Aux collectivités territoriales la charge de le mettre en œuvre. Régions, départements, communautés de communes et communes développent de nombreux projets dans ce sens et on s’en réjouit.
Et là, c’est à qui va inventer le système le plus génial pour inviter les cyclistes à circuler dans son territoire.
Prenons l’exemple du département du Nord qui met en place un subtil système de points-nœuds (vidéo ci-dessous) qui nécessite pour le coup de disposer absolument du topo-guide de référence pour se déplacer. Il laisse à chaque utilisateur la liberté de composer son parcours sans imposer un circuit pré-défini en continuité avec le système adopté par la Belgique voisine. Seulement, pour aller de Wattignies à Haubourdin, ce n’est pas écrit explicitement sur des flèches ! Le décodeur local est indispensable.
Le politique et le pratique
Notre système politique privilégie l’autonomie locale dans ce domaine, c’est sans doute une bonne intention. On suggère des systèmes, on invite à la cohérence mais sans rien imposer, sauf pour les grands itinéraires vélo nationaux ou internationaux (véloroutes, Euro-véloroutes). Le cycliste en quête d’aventure et d’autonomie aura donc besoin d’une grande capacité d’adaptation au fil de ses déplacements. Il passe d’un système de signalisation à un autre parfois en quelques kilomètres… Le plus souvent, il ne trouve plus de balisage du tout.
Vive le GPS alors ? Peut-être. Mais tout le monde n’a pas envie de voyager le nez sur un écran.
Il serait si simple de respecter les travaux engagés par des fédérations, associations ou structures compétentes pour accorder les violons et orienter les guidons…
Charte cyclable FFCT
Ainsi, depuis 2019, la vénérable Fédération Française de Cyclotourisme met à disposition de qui veut une charte parfaitement pertinente et claire pour « aménager notre territoire pour le vélo » (Voir ici : site FFvélo -pdf). Cela passe par une harmonisation de la signalétique.
Pourquoi vouloir réinventer l’eau chaude alors qu’elle est là, à disposition !
De l’art de perdre du temps, de l’argent (public !) et de l’efficacité.
Ne laissons pas les cabinets-conseils privés vendre à nos collectivités territoriales leurs idées fumeuses conçues souvent derrière un bureau et pas sur un vélo.
Pédaler tous dans le même sens, le bon !
Revenons dans le département de la Manche, disons au centre et à l’ouest, secteur que je connais un peu.
Si un cycliste veut aller de Lessay à Donville-les-Bains (environ 46 km), il va trouver au départ un fléchage directionnel pertinent et explicite (nom des communes visées) jusqu’à la limite de la communauté de communes COCM (Côte Ouest Centre Manche qui met en œuvre son plan vélo). Ensuite, plus rien… Juste ces quelques panneaux « vélo » incompréhensibles pour qui n’a pas le guide de déchiffrage et, de temps à autre des panneaux invitant à « Partager la route« , quelle route ? Le territoire devient une mosaîque inachevée de systèmes sans cohérence.
Les cyclistes voyageurs, diront certains, n’ont qu’à suivre les routes qui disposent, elles, d’une signalétique avec indication de distances et de directions… On y trouvera, au mieux, une bande cyclable discontinue. Où sont la sécurité et l’agrément de la pratique tranquille du vélo ?
Fléchage directionnel explicite
Aujourd’hui, compte tenu du plan vélo national et de la tendance forte à développer les mobilités actives, il grand temps d’opter ensemble pour le fléchage directionnel d’itinéraires. Les voies adaptées aux cyclistes doivent être choisies en concertation avec des interlocuteurs cyclistes, souvent regroupés en associations actives et compétentes (comme Roues Libres en Coutançais – lire ici… et tant d’autres, partout).
Le département de la Manche dispose, comme bien d’autres, d’un vaste réseau existant (revêtu ou non) adapté à la pratique du vélo. Il suffit de choisir et adapter les voies les plus intéressantes et d’imaginer une cohabitation appaisée et sécurisée avec la circulation automobile.
La création et l’aménagement de quelques passages sous forme de pistes cyclables sera sans doute utile, voire indispensable. Cependant, le coût de la création de pistes cyclables ne doit pas être un argument pour repousser aux calendes grecques la mise en place d’itinéraires adaptés aux mobilités actives.
Il faut en finir avec le pointillisme existant pour créer un vrai maillage cohérent et aussi continu que possible. On aura bien avancé !
Exemples à suivre… ou pas…
Voici quelques images illustrant ce qui est souhaitable ou non en terme de balisage d’itinéraires vélo toutes distances…
Boucles et circuits « codés »
Le fléchage des circuits en vigueur jusqu’alors dans la Manche.
Absolument inutile pour qui ne dispose pas de l’outil de décodage (code couleur, tracé, distance, carte….).
À oublier !
Les préconisations de la Charte cyclable
Dans la Manche, la Communauté de communes Côte Ouest Centre Manche est sur la bonne voie. Il faut lui « prendre la roue » et ne pas lâcher !
Une mise en œuvre à poursuivre et améliorer !
À Coutances (Manche)…
Ce fléchage est pertinent… mais sans continuité.
Un peu de maintenance technique s’impose, comme souvent. C’est indispensable.
La direction du Mont-Saint-Michel est fléchée ici mais ensuite, c’est fini. Débrouillez-vous car il reste un sacré bout de chemin (la distance n’est pas indiquée) !
À Coutances, toujours, de l’autre côté de la rue…
5 km pour rejoindre la voie verte… Mais elle nous mène où cette voie verte ?
Le type de fléchage est cohérent avec les normes appliquées généralement mais le contenu n’est pas pertinent pour permettre le déplacement à vélo en sachant où l’on va.
Il reste du chemin à parcourir mais on avance ! Voyons le positif…
Bonus : Arrêtez le vélo, marchez !
Encore une incongruité pour finir !
À cet endroit, le fléchage attendu serait « Coutances 4,5 « .
Eh bien non ! On indique au cycliste le GR 221 à 400m. Une invitation à continuer à pied faute de mieux ?
Ça pourrait être une blague…
Même pas !
